C’est une coïncidence, mais elle ne joue pas en faveur des autorités locales : à la mi-juin, alors même que le Texas commençait une canicule de trois semaines, le gouverneur du Texas donnait son approbation à une loi qui, entre autres choses, élimine l’obligation d’accorder des « pauses-réhydratation » aux travailleurs de la construction.
Deux des plus grandes villes, Austin et Dallas, avaient dans le passé voté un règlement obligeant les entreprises à fournir une telle pause de 10 minutes toutes les quatre heures (en anglais, water break) à leurs employés travaillant à l’extérieur. En vertu de la nouvelle loi signée par le gouverneur le 14 juin, cette obligation est abolie.
Officiellement, l’idée est d’uniformiser les normes du travail dans l’ensemble du Texas: la loi contient plusieurs autres clauses touchant aux travailleurs agricoles et de la construction, ainsi qu’au logement. Mais c’est la clause sur la réhydratation qui a frappé l’imagination, d’autant plus que de la mi-juin jusqu’au début de juillet, le Texas, et avec lui une partie du Sud des États-Unis, a fait face à des températures dépassant les 35 degrés et à un taux d’humidité élevé. Il a, pendant cette période, concurrencé les États du Golfe Persique comme endroit le plus chaud sur Terre.
Non seulement les chaleurs extrêmes sont-elles associées chaque année, partout dans le monde, à des décès chez des travailleurs, mais comme l’a noté le journal Texas Tribune, c’est au Texas qu’on compte le plus grand nombre de décès aux États-Unis: au moins 42 travailleurs entre 2011 et 2021, selon le Bureau américain du travail. Il est possible que le chiffre réel soit plus élevé, plusieurs décès causés par la chaleur pouvant être classés dans la catégorie des arrêts cardiaques.
La nouvelle loi était défendue par les entrepreneurs, au nom d’une simplification des règlementations qui, disent-ils, sont « un fardeau » pour l’économie. À l’inverse, les défenseurs de cette loi notent que le Texas prévoit des surplus de plus de 32 milliards $ dans son budget 2024-2025, en partie grâce à son pétrole: le Texas est en effet le plus gros producteur de pétrole du continent, avec 1,8 milliard de barils en 2022, devant l’Alberta (1,4 milliard).