Les habitants de la Floride vivant à proximité de la côte respirent mieux, à tous les sens du terme: le gigantesque banc d’algues — potentiellement nauséabondes — qui s’était formé dans l’Atlantique plus tôt cette année, va s’échouer sur les côtes du continent en nombre beaucoup moins élevé que ce qu’on craignait.
Il s’agit du banc d’algues qui croît et décroît chaque année au rythme des saisons, et qui a donné son nom, il y a quelques siècles, à la « mer des Sargasses », une région de l’Atlantique située à l’Est des États-Unis. Sauf que ce « banc » croît tant et si bien depuis une décennie qu’on en est venu à parler d’une « ceinture » des sargasses, qui s’étend pratiquement du Golfe du Mexique jusqu’aux côtes africaines. Et la quantité record qui était observée en février et mars dernier laissait présager des échouages en masse sur les plages des îles des Antilles et de la Floride, autant du côté de l’Atlantique que du Golfe du Mexique.
C’est leur décomposition en aussi grand nombre qui inquiétait: comme tout organisme mort qui se décompose, ça vient avec une odeur nauséabonde, ainsi que, dans ce cas-ci, quelques gaz nocifs (sulfure d’hydrogène, ammoniac). Et —peut-être le plus important pour les habitants de la région— ça vient avec de gros problèmes économiques: ces dernières années, il fallait parfois vider les plages de tonnes d’algues… et veiller à ne pas faire fuir les touristes.
Or, le pire ne s’est pas produit cette année, mais les chercheurs sont bien en mal de dire pourquoi. En juin, la quantité de ces algues dans le Golfe du Mexique a dégringolé de 75 %, ont annoncé dans leur bulletin des océanographes de l’Université de Floride du Sud qui suivaient le phénomène à la trace.
À l’heure actuelle, la « saison » des sargasses est probablement terminée pour la Floride, quoique elle ne l’est pas encore pour les îles de l’Est des Antilles, que ce soit Haïti, la République dominicaine, Porto Rico, les Iles Vierges ou la Barbade: elles en ont encore pour au moins un mois à faire face à la partie de la « ceinture » qui flotte toujours dans leur région de l’Atlantique, selon les océanographes floridiens.
Aussi désagréables qu’elles soient lorsqu’elles s’échouent, ces grandes algues (ou « macroalgues ») constituent un habitat naturel — lorsqu’elles flottent — pour des poissons, des crabes et des tortues marines. C’est lorsqu’elles s’échouent qu’elles commencent à mourir et se décomposent, au grand déplaisir des humains.