L’économie mondiale va croître plus lentement que prévu par les économistes, d’ici la fin du siècle, révèle de nouveaux travaux de recherche. Ces derniers auront des implications pour notre capacité à s’adapter aux changements climatiques des prochaines décennies, affirment les spécialistes.
L’étude en question, qui effectue des projections économiques pour quatre groupes de pays répartis selon leur niveau de revenu, a révélé que les pays en développement nécessiteront davantage de temps pour combler le fossé en matière de salaires et de richesse et s’approcher du niveau de prospérité des pays développés.
Et ce que les différents pays ont envisagé comme le scénario du pire, en matière de croissance économique mondiale, pourrait en fait être l’un des scénarios les plus optimistes, selon l’étude publiée dans Communications Earth & Environment.
Les conclusions des spécialistes laissent entendre que les gouvernements doivent commencer à prévoir une croissance plus lente, et que les pays plus riches pourraient devoir aider les nations aux revenus plus faibles pour financer leur adaptation aux impacts de la crise climatique au cours des prochaines décennies.
« Nous en sommes à un point où nous allons possiblement devoir grandement augmenter le financement de l’adaptation climatique dans les pays en développement, tout en atteignant un point où nous pourrions surestimer nos prochaines capacités à fournir ce financement en vertu des paradigmes fiscaux actuels », a indiqué Matt Burgess, de l’Université du Colorado à Boulder, qui a dirigé cette étude.
« Nous pouvons, dès maintenant, commencer à réduire le nombre de possibilités et aller de l’avant de façon plus tangible », a pour sa part indiqué Ryan Langendorf, le coauteur de l’étude.
M. Burgess et ses collègues ont utilisé deux modèles économiques pour prévoir la croissance économique mondiale d’ici la fin du siècle, et à quelle vitesse les pays en développement s’approcheront du niveau de richesse des pays développés.
Les deux modèles ont démontré que l’économie mondiale continuera de croître, mais à un rythme plus lent, ce qui entraînera aussi l’élargissement du fossé des revenus entre pays pauvres et riches.
« Une croissance plus faible qu’attendu signifie des déficits plus importants, toutes choses étant égales par ailleurs , a indiqué M. Burgess.
À l’instar d’une urgence en plein vol, où les passagers devraient enfiler leur propre masque à oxygène avant d’aider les autres, les nations riches devraient s’assurer que leurs propres finances sont en ordre pour ensuite pouvoir aider les pays moins bien nantis, afin de financer l’adaptation aux impacts de la crise climatique, écrivent les auteurs des travaux.
« Nous parlons d’un peu moins de croissance, un peu plus d’inégalités, mais nous parlons quand même d’un monde plus riche qu’aujourd’hui, et un peu plus égalitaire », a cependant nuancé M. Burgess.
Malgré tout, plusieurs nations riches sont habituées de s’appuyer sur la croissance économique pour sortir de l’endettement, mais cela pourrait ne plus être possible, en vertu du nouveau scénario, affirme Ashley Dancer, elle aussi coautrice de l’étude.
« La prochaine question est la suivante: comment pourrions-nous aider les pays plus pauvres à s’adapter, s’il faut s’attendre à ce qu’ils ne puissent pas atteindre le niveau de richesse qui leur permettrait d’accomplir cela rapidement et de façon agressive? »