Même après avoir subi des dégâts en raison d’inondations, les propriétaires vivant dans des communautés majoritairement blanches préfèrent accepter des risques plus élevés de catastrophes plutôt que de déménager dans des quartiers plus diversifiés, mais moins exposés à la fureur des éléments, selon une nouvelle étude de l’Université Rice.
James Elliott, professeur de sociologie, et Jay Wang, membre du Rice’s Kinder Institute for Urban Research, sont les auteurs de ces travaux, intitulés Managed retreat: a nationwide study of the local, racially segmentd resettlement of homeowners from rising flood risks, qui ont été publiés dans Environmental Research Letters.
Pour mener leur étude, les deux hommes ont effectué le suivi d’environ 10 000 Américains qui ont vendu leur domicile situé en une zone propice aux inondations et ont déménagé en vertu du Hazard Mitigation Grand Program de l’Agence fédérale américaine de gestion des catastrophes, soit le plus important programme de relocalisation du pays, entre 1990 et 2017.
Les données comprenaient les adresses des anciens et nouveaux domiciles, les risques d’inondation à ces différents endroits, la composition ethnique des différentes communautés, la valeur moyenne des résidences, et d’autres informations.
« Nous avons constaté qu’à travers les États-Unis, le meilleur facteur de prédiction du niveau de risque à partir duquel les propriétaires sont prêts à quitter leur quartier n’est pas le fait d’habiter, ou non, dans une ville côtière, ou s’ils vivent dans une petite ou une grande agglomération », a dit le Pr Elliott. « C’est plutôt une question de composition ethnique de leur voisinage immédiat. »
MM. Elliott et Wang ont constaté que les propriétaires vivant dans des quartiers majoritairement blancs étaient prêts à accepter un risque d’inondation 30 % plus élevé avant de plier bagage, comparativement à ceux vivant dans des quartiers majoritairement noirs, après avoir tenu compte des divers types de régions dans lesquelles ces gens vivent (côtier, à l’intérieur des terres, urbain, rural, etc.).
« Mais il existe aussi certaines tendances universelles », a poursuivi M. Wang. « L’une d’entre elles est le fait que peu importe le lieu de résidence, la plupart des propriétaires ne déménagent pas très loin. »
À l’échelle des États-Unis, la distance moyenne entre le lieu de résidence des propriétaires et leur nouvelle destination avoisinait les 10 kilomètres. Près des trois quarts des personnes interrogées demeurent à moins de 30 kilomètres de leurs résidences touchées par les inondations.
« En d’autres mots, les propriétaires ne parcourent pas de longues distances vers des villes, des États et des régions plus sécuritaires », mentionne le Pr Elliott. « Ils demeurent dans leur quartier ou se déplacent vers des zones voisines. »
L’étude a aussi démontré que malgré les courtes distances, ces déménagements réduisent bel et bien les risques d’inondation. À l’échelle nationale, la diminution moyenne des risques est de 63 %.
« Cela indique que l’attachement à sa communauté et la réduction de risque peuvent aller de pair », a souligné M. Wang. « Mais ces dynamiques demeurent largement alimentées par l’ethnicité, particulièrement pour ceux qui vivent dans des communautés majoritairement blanches. »