Succès retentissant encore plus grand que ce que quiconque aurait pu imaginer, ce qui est peu dire, The Super Mario Bros. Movie arrive finalement en version physique et numérique pour la maison ou la route, histoire d’amuser et, à ses heures, satisfaire les petits et les grands.
Pour ceux qui n’étaient pas encore au courant, disons que les jeux vidéo et le septième art sont deux domaines rarement compatibles, ce qui a toujours paru un peu ironique, tellement ils semblent reliés, d’une certaine manière.
Cependant, les choses sont peut-être en train de changer, comme l’ont prouvé cette année la télésérie The Last of Us et, bien sûr, l’adaptation en film d’animation de Mario Bros., qui non seulement donne espoir à ceux qui commençaient à se décourager, mais aussi débuter ce qui risque de devenir un univers cinématographique prêt à prendre le flambeau de Marvel, au moment où celui-ci pourrait difficilement battre davantage de l’aile.
La pression était d’autant plus grande, puisque le premier essai au cinéma des frères plombiers italiens, il y a exactement trois décennies, a plutôt donné ce qui est encore aujourd’hui reconnu comme un des plus grands désastres du septième art. Rassurons toutefois tout le monde en avouant que le nouveau résultat est plutôt difficile à détester, tellement il a été conçu pour plaire.
Des références à l’histoire, en passant par les chansons qu’on a incorporées au récit, tout y est familier et, pour beaucoup, tant mieux. Heureusement, le tout est loin d’être fait de manière paresseuse, puisque le soin y est notable. Visuellement, c’est splendide. Le travail sur les couleurs et principalement les textures frappe, et on est constamment éblouis.
On a également assemblé une étincelante distribution vocale qui détonne à plusieurs reprises. Qui aurait cru, au début de sa carrière, que Chris Pratt serait en tête de plusieurs des franchises les plus lucratives du moment? Sauf que comme la majorité de ses confrères, sa présence se fait plutôt discrète, n’en déplaise à l’absence controversée du fameux accent italien qu’on a toujours associé au personnage. On reconnaît sans mal Seth Rogen et Charlie Day, alors que Keegan-Michael Key et Fred Armisen sont presque méconnaissables, mais même la présence inattendue de Anya Taylor-Joy en Princesse Peach ne fait pas le poids face à la force brute que représente Jack Black dans la peau du méchant Bowser.
Plus que remarquable, son travail qu’il a insufflé au projet dépasse l’entendement et éclipse tout à chacune de ses apparitions, même si on pourrait reprocher quelques détours douteux face aux obsessions que démontre le personnage.
De fait, qu’importe la présence de hits musicaux, allant de Tomoyasu Hotei à Electric Light Orchestra, en passant par Bonnie Tyler, AC/DC et même les Beastie Boys, c’est l’accrocheuse chanson originale Peaches, interprétée par Jack Black qui attire toute l’attention. Difficile à ce jour de ne pas en avoir entendu parler tellement elle a envahie non seulement les réseaux sociaux, mais aussi le palmarès du Billboard américain.
Là où le bât blesse, c’est au niveau du scénario; on essaie plus fort que tout de créer une histoire unie et cohérente pour lier la succession infinie de références et d’univers qu’on a envie de visiter. Il faut dire que le script a été confié à Matthew Vogel, à qui l’ont doit des suites décevantes, allant du troisième Big Momma à The LEGO Movie 2 : The Second Part.
Le rythme a beau être mené tambour battant et laisser peu de place à l’ennui au cours de l’heure et demie rondement menée que dure le film, on essaie tellement de justifier continuellement l’histoire qu’on sent souvent qu’on ralentit inutilement le processus et multiplie des explications dont on se serait passé. On essaie également d’ajouter une couche épique à des moments attendus, ce qui réduit un potentiel que l’on aurait pourtant pu maximiser sans problèmes.
Grandement généreuse, cette édition physique contient plus d’une heure de suppléments qui se montrent assez variés, à défaut d’être davantage promotionnelle qu’approfondis. On apprécie qu’on a donné la parole à un éventail varié d’intervenants dépassant l’habituel cycle des acteurs, producteurs, scénaristes et réalisateurs, pour aussi laisser la parole aux compositeurs, monteurs et autres animateurs. Illumination oblige d’ailleurs, on s’amusera à entendre parler les collaborateurs français s’exprimer en anglais avec leurs accents.
On y trouvera près de trente minutes de segments sur les personnages principaux et leurs interprètes où il sera décevant de ne pas avoir l’avis de Fred Armisen et Juliet Jelenic, surtout quand on a vécu les suppléments de films en mode pandémie via vidéoconférence, ou même via téléphone. La majorité des acteurs présents mentionneront surtout à quel point ils espèrent avoir leur propre film. Le trente minutes suivant sera un making of en six sections parlant de l’inspiration, des designs, de la musique, des lieux et des références notamment.
Ensuite, mis à part le vidéoclip mettant la lumière sur les paroles de la chanson Peaches, on trouvera l’intérêt un peu moindre sur le guide sur le film (qui évoque un peu ceux inclus dans les jeux vidéos) et les leçons de l’actrice Anya Taylor-Joy sur son personnage. Il y aurait certainement eu beaucoup plus intéressant à couvrir et à approfondir comme par exemple une visite dans les studios d’enregistrement, des bloopers ou même un regard de A à Z sur la conception d’une scène en particulier.
Cela étant dit, on comprend pourquoi The Super Mario Bros. Movie fut et est toujours un succès aussi retentissant. Marchant en parfaite harmonie avec ce qui a fait le plus grand succès de l’entreprise Nintendo, s’assurant de satisfaire le plus grand nombre de fans et aidant certainement la vente déjà élevée de produits dérivés, à défaut de pouvoir participer, on se laisse prendre au jeu.
6/10
The Super Mario Bros. Movie est disponible en combo Blu-Ray 4K et Blu-Ray, combo Blu-Ray et DVD, en DVD et en version digitale depuis le 13 juin dernier.