Les jeux de gestion se suivent et se ressemblent… un peu. Dans un monde postapocalyptique – un thème récurrent, là aussi –, un petit groupe devra bâtir une civilisation prospère, tout en gérant, avec maestria, des ressources limitées. Cela vous dit quelque chose? Avec Timberborn, toutefois, les gens de chez Mechanistry poussent plus loin un concept généralement laissé de côté: celui de l’eau.
Bien sûr, éviter que ses citoyens ne souffrent de la soif, irriguer les champs… Tout cela est déjà présent dans des jeux de gestion, et qui plus est des jeux de gestion de ressources avec une dimension d’urbanisme. Mais cette fois, les choses sont différentes: après tout, le joueur ne s’occupe pas de colons ou de survivants humains, mais plutôt d’une troupe de castors.
Et qui dit castors dit forcément gestion de l’eau, mais une gestion toute particulière. Les développeurs ont d’ailleurs compris toute l’ampleur de ce choix vidéoludique: ces castors pourront – devront, en fait – construire des barrages pour s’assurer que leurs récoltes et autres expansions forestières et agricoles puissent tenir le coup.
Pourquoi? Parce qu’à toutes les deux semaines, environ, une grave sécheresse frappera la région, ce qui fera disparaître l’eau qui sert non seulement de source d’énergie, mais carrément de source de vie. Sans eau, pas moyen de faire pousser de la nourriture, de s’assurer de l’essentielle croissance de la forêt, d’éviter, même, que nos castors ne meurent de soif.
Une bonne partie de Timberborn consistera donc à apprendre à gérer cette eau, en allant jusqu’à en détourner le cours pour s’assurer d’en conserver le maximum. Attention, toutefois: les réserves ne sont pas infinies. Même en construisant un barrage pour créer un vaste réservoir, les pompes et autres systèmes gourmands en or bleu auront vite fait de faire baisser le niveau. Et comme les sécheresses seront de plus en plus longues, il faudra trouver des méthodes pour s’assurer que notre société puisse continuer à fonctionner correctement.
Nouvelles idées
Sans grande surprise, Timberborn reprend des concepts déjà vus ailleurs, comme cette idée de la difficulté croissante, avec non seulement la prolongation du temps sec, mais aussi un développement économique et scientifique qui exige peu à peu de plus en plus de ressources. On appréciera cependant grandement cette idée de ville verticale, avec plusieurs niveaux placés les uns sur les autres, jusqu’à créer, potentiellement, une mégalopole faite de bois.
Tout cela est bien intéressant, mais certains aspects de Timberborn sont un peu raboteux, à l’image d’un rondin mal dégrossi. D’abord, si l’idée de la sécheresse est intéressante, il faut savoir que ces périodes correspondent à la disparition de toute l’eau qui circule dans la rivière nichée au coeur de la carte suggérée pour une première partie. Oui, cela force le joueur à se tourner rapidement vers la construction de barrages, en plus de devoir apprendre, sur le tas, à gérer son approvisionnement en or bleu, mais l’idée est simplement… étrange.
Étrange, aussi, comme cette absence d’indications concernant la suite des choses, une fois que l’économie de notre ville est stabilisée. Oui, les sécheresses sont de plus en plus longues, mais ces épisodes sont espacés de périodes de deux semaines, environ. Et comme nos castors ne se reproduisent pas à toute allure, il ne faudra pas non plus se précipiter pour construire de nouvelles habitations, puis de nouvelles fermes, qui nécessiteront plus d’eau, etc.
Étrange, également, ce rythme de jeu, y compris lorsque les forêts avoisinant notre site de départ finissent par être rasées. Il est possible de confier la gestion du bois à des castors, qui s’occuperont de replanter différentes essences, dont le temps de croissance varie lui aussi, mais il faudra assurément attendre plusieurs jours pour obtenir les fruits de notre labeur. Encore là, si l’apport en nourriture et en eau demeure constant, le joueur en sera quitte pour se tourner les pouces, le temps que la production de rondins reprenne.
Timberborn est toujours en accès anticipé, et il reste certainement des choses à améliorer, comme ce concept central de « flot » du jeu. Néanmoins, ce jeu de gestion réussit facilement à se démarquer des autres, et les amateurs de construction et de minutie y trouveront certainement leur compte.
Timberborn
Développeur et éditeur: Mechanistry
Plateformes: Windows, macOS (testé sur Windows/Steam)
Jeu disponible en français