Alors que l’été s’achevait dans l’hémisphère sud, la quantité de glace marine entourant l’Antarctique a battu un record à la baisse. Une anomalie qui pourrait toutefois ne pas s’expliquer aussi facilement qu’au Pôle nord.
Selon les données du Earth Observatory de la NASA, la quantité de glace avait atteint 1,79 million de kilomètres carré le 21 février, un niveau jamais vu depuis 44 ans que ces données sont récoltées. Cela bat le précédent record, l’an dernier, de 1,92 million de kilomètres carré.
En Arctique comme en Antarctique, la surface de l’océan gèle en hiver et dégèle en partie en été. Concrètement, cela veut dire que dans l’hémisphère sud, la glace marine atteint le maximum de son étendue vers la fin-septembre (le début du printemps là-bas) et son minimum vers la fin de février.
L’évolution des dernières décennies de la couverture glaciaire là-bas n’est toutefois pas aussi nette que dans l’Arctique. Ce qui rend beaucoup plus difficile de prédire la tendance des prochaines années.
À l’évidence, la présence de l’immense continent joue un rôle: dans l’Arctique, la glace est toujours présente dans les régions les plus froides, celles du Pôle nord, ce qui laisse davantage de glace qui va survivre à l’été. En comparaison, l’expansion de ces glaces vers le Pôle sud est bloquée par l’immense continent. C’est ce qui explique les grandes disparités entre l’hiver et l’été: historiquement, les étendues maximales et minimales d’eau recouvertes de glace varient, dans l’Antarctique, de 19 millions à 3 millions de kilomètres carré, et de 15 millions à 6 millions de kilomètres carré dans l’Arctique.
Mais cette différence a une conséquence qui, dans l’Antarctique, pourrait entraîner un jour des changements rapides: une plus grande partie de la glace qui se forme l’hiver est ce qu’on appelle une glace « annuelle », et non une couche de glace qui se superpose à d’autres couches de glace restées en place depuis des années. Cela signifie donc que de plus larges étendues de glace entourant l’Antarctique sont minces, donc plus vulnérables aux futurs changements de température: on parle de couches d’un mètre d’épaisseur, contre 3 à 4 mètres pour celles qui ont survécu à au moins un hiver.
Pour l’instant toutefois, la tendance générale des glaces marines entourant l’Antarctique est globalement linéaire: des tendances à la hausse dans certaines régions compensent pour celles à la baisse ailleurs. C’est sur le continent qu’on observe une tendance généralisée à la baisse, l’ensemble des glaciers et des calottes glaciaires voyant leurs masses décliner.