Si vous voulez voir de la biodiversité, regardez un récif de corail. Une nouvelle estimation lui attribue autant de diversité microbienne que ce qu’on avait mesuré jusqu’ici sur la planète entière.
C’est peut-être, notent les chercheurs, que nous avons sous-estimé jusqu’ici l’immense biodiversité microbienne de la planète. Ou bien, c’est peut-être qu’on avait sous-estimé celle des coraux: un récif, après tout, est un immense écosystème, une structure naturelle « bioconstruite », caractérisée par sa symbiose unique avec des algues et les autres espèces composant la faune et la flore des environs… On connaît encore mal toutes ces interactions, mais on sait qu’à travers les océans, les récifs abritent pas moins du tiers des espèces marines animales et végétales.
Une équipe d’une vingtaine d’institutions de France et de quelques autres pays, a ramassé pendant deux ans des échantillons à travers 99 récifs de 32 îles du Pacifique — ce qui signifie que chaque fois, ils ont récolté de l’eau, des poissons et des coraux. À travers ces trois milliards de séquences génétiques, pas moins d’un milliard se révèlent être uniques. On est donc face à des micro-organismes qui sont uniques à tel ou tel site, ou du moins qui étaient inconnus jusqu’ici. « Les communautés microbiennes, précisent les chercheurs dans une étude parue le 1er juin, varient parmi les trois biomes animaux (coraux, poissons, planctons) et géographiquement. »
Ça implique donc qu’aux interactions encore à découvrir avec la faune et la flore, il faudra ajouter celles avec le microbiome: certains microbes peuvent agir en symbiose avec les coraux, par exemple pour accélérer le cycle des nutriments ou pour protéger contre les maladies. Et il reste surtout à découvrir l’impact qu’ont sur toutes ces interactions le réchauffement et l’acidification des océans
La « récolte » a été faite dans le contexte de l’expédition Tara Pacifique, une entreprise qui, entre 2016 et 2018, a été vouée précisément à « découvrir la diversité cachée du corail » et comprendre « ses capacités d’adaptation aux changements climatiques ». L’étude sur la diversité microbienne est l’une des huit études parues simultanément sous le chapeau de la Fondation Tara Ocean, qui finançait cette expédition.