Avec (un peu) de recul, il est difficile de classer Blackberry, le film biographique sur les téléphones du même nom, dans la même catégorie qu’un Tetris ou qu’un AIR. Si l’oeuvre s’articule effectivement autour de la vente d’un produit, le film réalisé par Matthew Johnson témoigne aussi de la course technologique folle qui prévalait au tournant des années 2000.
Qui ne sait pas ce qu’est un Blackberry? Qui n’a jamais rêvé de posséder ce téléphone qui se trouvait entre toutes les mains, celui avec la capacité d’envoyer des courriels, d’échanger instantanément sans frais avec d’autres utilisateurs du réseau… Qui n’a pas eu envie d’avoir cet appareil qui était un symbole de statut professionnel?
En fait, le film en soi ressemble énormément aux autres longs-métrages qui racontent l’histoire parfois rocambolesque de jeunes visionnaires qui finissent par créer un empire. Mais dans le cas de Research in Motion – comme pour bien d’autres entreprises –, cet empire vacillait déjà avant qu’Apple ne le fasse s’effondrer en lançant son iPhone.
Et à l’instar de ces autres productions, Blackberry alimente la nostalgie pour une époque qui n’est plus, un passé qui, semble-t-il foisonnait d’innovations technologiques, lorsque les téléphones n’étaient pas encore tous des appareils similaires, dont la principale différence tient au nombre de mégapixels de l’appareil photo, ou la durée de vie de la pile.
Ceci étant dit, même si Jay Baruchel tire bien son épingle du jeu, en Mike Lazaridis, à l’époque le co-PDG de la compagnie, le film n’est que cela : un rappel d’une époque révolue. Bien sûr, la chose fonctionne sans doute mieux en terre canadienne parce que RIM était une compagnie de « chez nous », mais au-delà de cela, il n’y a rien de remarquable ou de mémorable dans ce film, si ce n’est un douloureux rappel du fait qu’une compagnie peut grimper jusqu’au firmament, puis s’affaisser du jour au lendemain, sans crier gare. Parlez-en à Twitter, dans quelques années…
Il est temps que cessent ces hommages à un mode d’exploitation uniquement basé sur l’appât du gain. Blackberry n’est certainement pas le pire exemple du lot, mais une fois le générique qui défile à l’écran, on se demande bien pourquoi on s’obstine à nous raconter l’histoire de… produits de consommation.