La révocation de l’arrêt Roe c. Wade, puis la multiplication des restrictions à l’avortement, chez nos voisins du Sud, inquiètent les femmes canadiennes, révèle un nouveau sondage Ipsos, au moment où certains politiciens canadiens repartent en campagne contre le libre choix.
Le coup de sonde en question, effectuée auprès de plus de 1100 Canadiennes à la fin de l’année dernière, indique que près de deux femmes sur trois (62 %) sont préoccupées par la protection de leurs droits reproductifs, de ce côté de la frontière, après que la Cour suprême américaine eut renversé Roe c. Wade, qui légalisait l’accès à l’avortement chez l’Oncle Sam.
Par ailleurs, au-delà de 80 % des répondantes disent être en faveur du libre choix en matière d’interruption de grossesse, et appuient très largement les deux options qui sont présentement offertes, c’est-à-dire l’avortement à l’aide d’un médicament, ou encore la procédure chirurgicale.
Le problème, indique le sondage, se trouve plutôt du côté des sources d’information à propos des options en matière d’avortement; le coup de sonde révèle ainsi qu’à peine 2 femmes sur 10 « sont très bien informées des options qui s’offrent à elles » dans ce domaine.
La difficulté se trouve notamment du côté de l’accès à l’information, semble-t-il : ainsi, si 79 % des femmes interrogées disent connaître l’existence d’au moins une méthode d’avortement, à peine 52 % d’entre elles sont au fait qu’elles ont accès à la fois à la méthode médicamenteuse et à la méthode chirurgicale.
« Ce sondage à l’échelle nationale met en évidence la nécessité d’étendre les ressources et de fournir davantage d’informations sur la santé reproductive. Nous savons que près de soixante pour cent des Canadiennes se tournent d’abord vers leur médecin pour obtenir des informations sur l’avortement, plutôt que vers d’autres ressources telles que les sources en ligne, la famille, les amis ou leur pharmacien », mentionne ainsi, par voie de communiqué, Dana Tenenbeaum, directeur général de l’entreprise Linepharma International, qui offre des pilules abortives.
Pour sa part, la Dre Diane Francoeur, directrice générale de la Société des obstétriciens et gynécologues du Canada, se dit surprise par le fait que « la sensibilisation à la santé génésique et la compréhension de celle-ci restent faibles, comme le suggère le sondage ».
« Il est essentiel que les femmes connaissent les options qui s’offrent à elles et qu’elles puissent faire un choix éclairé en disposant de mécanismes de soutien fiables et fondés sur des faits pour répondre à leurs besoins. Il est nécessaire de poursuivre l’éducation et la sensibilisation pour favoriser la connaissance et la compréhension », a-t-elle poursuivi, toujours par voie de communiqué.
Le Dr Marc Steben, expert en santé publique et sexuelle, appelle pour sa part à faciliter l’accès aux informations concernant la santé sexuelle et l’avortement, et surtout à concevoir de nouvelles méthodes de dialogue, entre médecins, infirmières et patientes, afin que ces dernières aient aisément accès aux faits et aux données précis leur permettant d’effectuer un choix éclairé dans ce domaine.