En 2012, en France, un drame se joue : le nouveau grand patron d’Areva, une société qui gère des centrales nucléaires en France, mais aussi ailleurs en Europe, entendrait brader la compagnie au rival Électricité de France, mais aussi aux Chinois. Pour contrecarrer ses plans, la syndicaliste Maureen Kearney fera tout ce qu’elle peut… mais elle finira, semble-t-il, par subir les pires affronts.
Réalisé par Jean-Paul Salomé, La syndicaliste, d’abord sorti en mars, en France, puis en avril, de notre côté de l’Atlantique, le film raconte donc les démarches de Mme Kearney pour préserver l’expertise d’Areva face à une possibilité de vente, mais surtout pour sauver les 50 000 emplois occupés au sein de l’entreprise.
Bien rapidement, pourtant, avec l’élection de Nicolas Sarkozy à la présidence, elle constatera bien vite que ses appuis fondent comme neige au soleil. Et l’arrivée de François Hollande, quatre ans plus tard, n’y changera pas grand chose, non plus. À force de faire pression sur la direction d’Areva, mais aussi sur des députés et des ministres, finira-t-elle par agacer trop de gens?
Le fait est qu’elle commencera à recevoir des coups de fil tout aussi anonymes que menaçants. Et ces gestes d’intimidation sembleront prendre peu à peu de l’ampleur, jusqu’à une agression subie à son propre domicile.
Toutefois, l’absence de preuves va compliquer les choses : sans ADN, sans suspect, la police tourne en rond. Ou s’agit-il plutôt d’une commande politique, histoire de faire taire l’empêcheuse de tourner en rond? Et pourquoi la principale intéressée ne donne-t-elle pas plus de détails?
Basé sur le livre de Caroline Michel-Aguirre, La syndicaliste est une oeuvre dont les racines véridiques nous sont très largement inconnues, ici. On peut imaginer que le réalisateur et coscénariste a souhaité s’en tenir à la réalité, aux faits qui se sont véritablement produits, mais face à une Isabelle Huppert stoïque pendant une très grande partie du film, alors qu’elle dispose pourtant d’un vaste registre et est particulièrement douée comme actrice, on peut se demander si ce rôle était vraiment à la hauteur de la comédienne.
De fait, on a un peu l’impression, à certains moments, d’attendre qu’il se passe quelque chose; peut-être est-ce un réflexe davantage imputable aux membres de la presse, mais on se demande pourquoi, notamment, notre personnage principal ne va pas tout dévoiler aux médias, justement, afin d’accroître la pression sur ce patron qu’elle déteste, et qui le lui rend bien.
On se demande aussi pourquoi elle ne se bat pas davantage contre les mauvaises langues, y compris lors de son procès pour fausse dénonciation. Évidemment, dans la vraie vie, les victimes d’agression, et qui plus est d’agression à caractère sexuel, sont parfois tétanisées, et ne peuvent expliquer leur absence de réaction, y compris lorsque vient le temps de remémorer les événements en question.
Cela étant dit, nous sommes au cinéma, et il était sans doute possible de rendre les choses un peu plus dramatiques pour le plaisir des spectateurs. D’autant plus que le talent d’Isabelle Huppert semble être gaspillé.
Drame humain d’abord, drame économique et politique ensuite, La syndicaliste n’a malheureusement pas assez de mordant pour devenir inoubliable. Cela n’empêche pas ce film d’être intéressant, malgré tout.