Trois vagues de chaleur inhabituellement précoces en même temps : l’ouest de l’Europe, le Sud-Est de l’Asie, et le Nord-Ouest des Amériques. Et à première vue, il n’y a pas de lien entre elles.
Autrement dit, ce n’est pas un seul phénomène sous-jacent — comme El Niño, qu’on attend pour l’automne prochain— qui expliquerait ces trois canicules. C’est une illustration de la plus grande probabilité de voir de telles canicules se produire, réchauffement climatique aidant.
Celles de l’Asie et de l’Europe, qui durent depuis des semaines, ont battu de nombreux records: au Vietnam, la température a atteint les 44,2 degrés Celsius le 7 mai. L’Espagne a enregistré le mois d’avril le plus sec depuis 62 ans que de telles mesures sont prises. Et dans le sud de l’Espagne, les températures de plus de 40 degrés, qu’on n’atteint généralement qu’en juin ou juillet, s’accumulent depuis le début de mai.
Qui plus est, en Europe, s’ajoute la sécheresse qualifiée d’historique qui frappe la région… depuis la fin de 2022.
Dans l’ouest canadien, la vague de chaleur qui a commencé à se mettre en place dans à la fin de la semaine dernière, n’est pas aussi dramatique et rien n’indique qu’elle durera aussi longtemps. Mais elle arrive à un moment où l’Alberta connaît une série d’incendies anormalement hâtifs pour la saison.
À travers l’Asie du Sud-Est (Vietnam, Laos, Myanmar, Thaïlande), c’est aussi la précocité qui étonne. Des records pour une température d’avril ou de mai ont été battus. La Thaïlande a même atteint dès le 15 avril sa température la plus élevée, tous mois confondus, avec 45,4 degrés. Une partie de l’Inde enregistre des températures de trois à quatre degrés supérieures à la normale.
Toute cette région fait traditionnellement face à des journées plus chaudes pendant la période précédant la saison des pluies, mais l’intensité de cette canicule, cette fois, n’a rien d’habituel.
C’est en plus du fait qu’une température de près de 45 degrés dans cette région et à cette période de l’année signifie une température ressentie de plus de 50 degrés, seuil où il est dangereux de rester trop longtemps à l’extérieur. En plus d’être catastrophique pour l’agriculture dans cette région d’Asie.
Du côté de l’Europe, en Catalogne, les réservoirs d’eau sont remplis à 25 % de leur capacité, niveau dont les autorités locales ont dit ne pas connaître de précédent. L’été 2022 avait déjà été catastrophique pour les récoltes et pour les feux de brousse. Les autorités craignent à présent une répétition de ce scénario.
Le World Weather Attribution, un consortium international de chercheurs qui se spécialise dans les associations qu’on peut faire entre le réchauffement climatique et des événements météorologiques extrêmes, a qualifié, dans un rapport paru le 5 mai, de très improbable l’actuelle canicule espagnole, s’il n’y avait pas de réchauffement planétaire.
Il faut se rappeler que 2022 s’est classée à l’échelle mondiale, tout comme les années précédentes, dans la liste des 10 années les plus chaudes depuis un siècle et demi que de tels calculs sont faits, et que le phénomène météorologique El Niño, l’automne prochain, devrait se traduire, comme ses prédécesseurs, par un petit coup de pouce supplémentaire à la hausse globale des températures.