La proposition est certainement originale : autour d’un autel pour l’instant désert, sur lequel viendront danser une série d’artistes vêtus de blanc, comme autant de disciples priant un dieu distant, quatre pianos à queue. Voici La Nef, la plus récente proposition de Cédric Delorme-Bouchard.
Dans la vaste salle de l’Usine C, sur fond de sonorités parfois discordantes, voilà donc nos danseurs, tour à tour presque passifs, amorphes, puis pris d’une frénésie en apparence dictée par de brèves envolées musicales, un éclairage changeant, ou encore un facteur inconnu du public, qui expriment ce qui pourrait être leur part au sein d’un vaste rituel dont la signification se perd peu à peu dans les brumes du temps.
Suite – et conclusion – d’une trilogie, ou plutôt d’un triptyque, formé des spectacles Lamelles et Intérieur, respectivement présentés en 2018 et 2022, La Nef réussit clairement à désarçonner. Fallait-il absolument avoir vu les autres spectacles pour mieux saisir le sens de cette nouvelle proposition?
S’agit-il plutôt de ce journaliste qui, trop cartésien, n’arrivait pas à se laisser aller et refusait, en quelque sorte, de cesser de chercher un sens, une signification, une structure dans cet ensemble qui semblait frôler, à de multiples reprises, l’atteinte, justement, d’une organisation claire, nette et précise?
Impossible de le savoir avec exactitude. Ce qu’il est possible de déterminer, toutefois, c’est que Cédric Delorme-Bouchard est ambitieux, et est certainement capable de créer une oeuvre allant de multiples arts, de multiples perspectives artistiques. Cet artiste en résidence à l’Usine C est également tout à fait capable de sortir les spectateurs de leur zone de confort. Pour le meilleur et potentiellement pour le (un peu plus) pire.