Grâce au coffret d’introduction contenant les trois premiers tomes du manga Kaiju N° 8, il est maintenant possible de s’initier à cette populaire série de Naoya Matsumoto, qui mélange allègrement monstres géants, action survoltée et humour.
Quand il était jeune, le quartier de Kafka Hibino et de son amie Mina Ashiro a été complètement rasé par l’attaque d’un kaiju, l’un de ces monstres géants qui prolifèrent au Japon. Devant cette dévastation, les deux amis ont décidé qu’un jour, ils intégreraient les Forces japonaises de défense anti-kaiju afin de combattre ces terribles ennemis. Si Mina a tenu promesse, devenant commandante au sein de l’organisation militaire, Kafka quant à lui s’est buté à de nombreux échecs lors des examens d’entrée. Aujourd’hui âgé de 32 ans, il est maintenant à l’emploi de Monster Sweeper Inc., une entreprise de nettoyage des kaijus, et son travail, peu glorifiant, commence après la bataille, une fois que les caméras se sont éteintes.
Reno Ichikawa, un nouvel employé chez Monster Sweeper, convainc Kafka de s’enrôler à nouveau au sein des Forces de Défense dans le premier tome de Kaiju N° 8. Malheureusement, ce dernier avale un parasite lors d’une opération de nettoyage et se métamorphose en entité mi-humaine, mi- kaiju. Recherché par les polices du pays, Kafka tente de contrôler ses nouveaux pouvoirs, mais dans le second tome, afin de sauver la vie d’une collègue, il dévoilera son secret en se transformant devant elle. Il découvre aussi qu’il existe un autre kaiju humanoïde, dont les intentions sont beaucoup moins nobles que les siennes. Dans le troisième tome, Kafka est finalement accepté au sein de la 3ième unité, mais les choses tournent au vinaigre, alors que la base où sont formées les recrues est attaquée par un groupe de monstres géants.
Avec l’avènement de Godzilla en 1954, le Japon a donné naissance aux kaijus tels qu’on les connaît aujourd’hui, mais la série Kaiju N° 8 explore le revers de la médaille, en présentant le quotidien des compagnies de nettoyage chargées de disposer des corps de ces monstres géants une fois qu’ils ont été abattus par l’armée et de remettre en état les quartiers dévastés par leurs ravages, ce qu’on ne voit jamais dans les histoires du genre. Contrairement à la vaste majorité des mangas, le personnage principal de Kafka Hibino n’est pas un adolescent cherchant à atteindre son plein potentiel, mais plutôt un adulte regrettant certains choix de vie, et bien qu’il n’ait que trente-deux ans, il est sans cesse victime d’âgisme de la part des autres recrues des Forces Japonaises de Défense, qui l’appellent « Papy » ou « L’ancien ».
Présentant des combats épiques entre les humains et des monstres gigantesques, la série évoque évidemment Pacific Rim, mais la franche camaraderie entre les aspirants des Forces Japonaises de Défense, qui passent leur temps à rivaliser entre eux mais sont prêts à donner leur vie pour sauver l’un des leurs, fait également penser au film Starship Troopers. Au-delà des batailles et de l’action à grand déploiement, Kaiju N° 8 possède également beaucoup d’humour. Les blagues sont parfois un peu juvéniles (comme lorsque Kafka découvre que, dans sa forme de kaiju, il urine par les mamelons), mais le côté bon enfant décroche souvent un sourire chez le lecteur. Bien qu’il s’agisse d’un shōnen, qui a pour public cible les adolescents, la présence de personnages féminins forts et capables de se battre, parfois mieux, que les garçons, rendra le titre attrayant pour les jeunes filles aussi.
Les illustrations de Naoya Matsumoto dans Kaiju N° 8 sont typiques du manga. Les décors sont généralement très réalistes et détaillés, tandis que les humains sont esquissés d’un trait simple mais efficace. Les personnages sont immensément expressifs, et à l’aide d’yeux écarquillés ou exorbités, de dents serrées ou de sourcils arqués, les émotions sur les visages sont toujours d’une grande lisibilité. Très inventifs, les monstres géants ne ressemblent pas aux kaijus traditionnels, et évoquent parfois davantage des démons que des dinosaures. C’est le cas notamment de Kafka Hibino, qui se transforme en créature au corps noir de jais doté d’une tête de mort démoniaque. Le mangaka est doué pour dessiner la destruction à grande échelle, et dans ses scènes d’action, qui s’étalent à l’occasion sur deux pages, il utilise des dizaines de lignes pour indiquer la direction du mouvement, ce qui les rend très dynamiques.
Ce coffret d’introduction à la série contient les trois premiers tomes de Kaiju N° 8, ainsi que trois cartes postales exclusives en couleur. Son prix de détail revient quelques dollars moins cher que si l’on achète les trois premiers volumes individuellement, ce qui en fait une bonne affaire. Les quatre premières pages de chaque livre sont imprimées en couleur sur papier glacé, et tout le reste en noir et blanc sur un papier journal de moindre qualité, comme c’est le cas avec la plupart des mangas. Le premier tome contient sept épisodes, le deuxième dix, et le troisième neuf.
Proposant un équilibre parfait entre action et humour, il n’est pas étonnant que Kaiju N° 8 se soit déjà écoulé à plus de quatre millions d’exemplaires et aie eu droit à sa propre série animée. Même ceux et celles qui ne sont habituellement pas friands de mangas risquent d’apprécier ce titre fort divertissant.
Kaiju N° 8 – Tome 01, de Naoya Matsumoto. Publié aux éditions Kazé, 192 pages.
Kaiju N° 8 – Tome 02, de Naoya Matsumoto. Publié aux éditions Kazé, 192 pages.
Kaiju N° 8 – Tome 03, de Naoya Matsumoto. Publié aux éditions Kazé, 192 pages.
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