Crouler sous la pression n’est pas juste une expression. Ça pourrait être un mécanisme du cerveau.
Des chercheurs affirment en effet avoir identifié un changement dans l’activité des neurones du cortex moteur, qui mettrait plus à risque d’échouer lorsque les enjeux sont particulièrement élevés. Le cortex moteur est cette région du cerveau qui planifie et exécute les mouvements.
Tout le monde a pu expérimenter des situations où la perspective d’une récompense devient un stimulant pour mieux « performer ». Mais aussi d’autres situations où la pression de réussir devient trop forte: elle contribue à une erreur, une fausse manoeuvre, une distraction. L’exemple typique, au hockey ou au soccer, est le tir de pénalité, qui peut décider du sort d’un match.
Sauf que ce n’est pas dans le cerveau des humains que les chercheurs de l’Université Carnegie Mellon, en Pennsylvanie, ont voulu tester cela, mais dans le cerveau de singes rhésus. Dans leur recherche récemment pré-publiée —ce qui veut dire qu’elle n’a pas encore été révisée par d’autres experts— ils décrivent une série d’expériences qui consistaient à faire accomplir à ces singes une tâche difficile qui pouvait leur valoir une récompense: de l’eau sucrée. Le taux d’échec augmentait… avec la valeur de la récompense.
En 2021, ils avaient fait une série d’expériences qui étaient arrivées à des résultats similaires, mais cette fois, ils ont examiné en même temps, par l’intermédiaire de microélectrodes, l’activité cérébrale des singes. Il en ressort que l’activité de ces neurones augmentait lorsque le singe pouvait voir qu’une plus grosse récompense était possible, et diminuait dans le cas des plus petites récompenses.
L’analyse de cette activité a permis de repérer la « signature » de la « planification » des mouvements. Or, lorsque la récompense était la plus élevée, la différence entre cette planification et le mouvement réel s’estompait. « Nous concluons que les signaux des neurones associés à la récompense et à la planification des mouvements interagissent dans le cortex moteur d’une façon qui explique pourquoi nous croulons sous la pression. »
Quant à savoir s’il y a une raison biologique pour laquelle le cerveau agit ainsi, les neurones ne révèlent pas leurs secrets. Peut-être s’agit-il de la dopamine, parfois surnommée l’hormone du bonheur —une molécule qui est produite par certains de nos neurones pour envoyer des messages à d’autres régions du cerveau. Une surproduction de cette molécule pourrait « débalancer notre cortex moteur au moment-clef », spécule dans le New Scientist l’un des co-auteurs. Chose certaine, les chercheurs sont convaincus que la même chose se produit chez les humains lorsqu’ils croulent, eux aussi, sous la pression.