Dans son plus récent film, disponible cette semaine en 4K, Blu-ray et DVD, le roi de la « twist », M. Night Shyamalan, propose une variation très originale et intimiste sur le thème de la fin du monde avec Knock at the Cabin.
En compagnie de Wenling, leur fille adoptive, Eric et Andrew, un couple homosexuel, passe des vacances paisibles dans un chalet isolé situé dans la forêt en Pennsylvanie quand quatre individus équipés de bien étranges armes font irruption sur le terrain. Ces derniers cognent à la porte et leur demandent d’ouvrir, mais la petite famille se barricade plutôt à l’intérieur. Avec une ligne téléphonique coupée et aucun signal sur leurs téléphones intelligents, les vacanciers ne peuvent appeler de secours, et les intrus parviennent rapidement à pénétrer dans la cabane rustique. Très courtois et ne ressemblant pas à des criminels typiques, les quatre membres du groupe affirment être chargés d’une mission d’une extrême importance, et informent leurs otages qu’ils doivent sacrifier volontairement l’un des leurs afin d’empêcher que l’humanité entière ne soit exterminée. S’agit-il de dangereux illuminés appartenant à une secte religieuse, ou de véritables prophètes de la fin du monde?
Après s’être aventuré, sans beaucoup de succès, du côté des blockbusters hollywoodiens avec des productions comme The Last Airbender ou After Earth, M. Night Shyamalan a choisi de raconter ses histoires dans des productions à plus petit budget, et sans renouer avec le même succès commercial que The Sixth Sense, ses long-métrages des dernières années sortent des sentiers battus en proposant de l’horreur atypique. C’est encore une fois le cas avec Knock at the Cabin. S’amorçant comme une histoire classique d’invasion de domicile, le film prend rapidement une tournure biblique, et le cinéaste présente une version bien personnelle des quatre cavaliers de l’apocalypse. En plus de parler de foi, de famille, de sacrifice ou de l’Internet et de ses chambres d’écho permettant de renforcer des croyances sans fondements et complètement folles, le scénario apporte aussi un angle différent en mettant en vedette un couple homosexuel qui doit accepter de se sacrifier pour sauver une humanité les ayant souvent traités injustement, simplement à cause de leur orientation sexuelle.
Bien que la grande majorité du film prenne place à l’intérieur d’un chalet, le réalisateur brise la monotonie visuelle en insérant des plans de la nature, mais également des flashbacks relatant le moment où Andrew a fait son coming out à ses parents, son agression homophobe dans un bar de Boston, ou l’adoption de Wen. Shyamalan laisse également filtrer les catastrophes se succédant (tremblements de terre, tsunamis, virus décimant la population, etc.) à travers les bulletins de nouvelles diffusés à la télévision. Ce genre de huis-clos ne fonctionne que si le jeu des acteurs est solide, et c’est le cas de la distribution de Knock at the Cabin. Dave Bautista constitue une véritable révélation, et il livre ici sa performance la plus subtile à ce jour. Jonathan Groff (Eric) et Ben Aldridge (Andrew) sont convaincants dans le rôle du couple pris en otage dont les convictions perdront de la vigueur à mesure que l’intrigue progresse, et même la jeune actrice Kristen Cui est authentique. On retrouve aussi la participation de Rupert Grint, qui a bien vieilli depuis son personnage de Ron Weasley dans les films de la série Harry Potter.
La version haute-définition de Knock at the Cabin inclut le film sur disques Blu-ray et DVD, mais étonnamment, pas de code pour une copie numérique. Le matériel supplémentaire sur l’édition devrait satisfaire la curiosité de ceux et celles qui désirent en apprendre davantage sur la production. Dans la première revuette de près de 25 minutes, M. Night Shyamalan parle de son désir d’adapter le roman et de la décision de modifier certains aspects de l’histoire originale. Une autre revuette, plus brève, est consacrée à la conception et à la fabrication des armes vraiment uniques que manient les quatre intrus dans le long-métrage. Un troisième document aborde la méthode de travail du réalisateur, et son utilisation intensive de scénarimages avant même de commencer à tourner. La dernière revuette est consacrée à la jeune Kristen Cui, dont c’est la première expérience de jeu, et à sa performance. On trouve finalement quatre scènes retirées du montage, ainsi que la version intégrale de l’infomercial diffusé à la télévision juste avant le premier bulletin de nouvelles spécial.
Si la plupart des films traitant de la fin du monde reposent sur des effets spéciaux spectaculaires et la destruction à grande échelle, M. Night Shyamalan a plutôt choisi de se concentrer sur la dimension psychologique avec Knock at the Cabin. Le résultat est un long-métrage explorant un thème souvent exploité, mais sous un angle intelligent et très différent.
7/10
Knock at the Cabin
Réalisation: M. Night Shyamalan
Scénario: Paul Tremblay, M. Night Shyamalan et Steve Desmond
Avec: Dave Bautista, Jonathan Groff, Ben Aldridge, Nikki Amuka-Bird, Rupert Grint, Abby Quinn, Kristen Cui et McKenna Kerrigan
Durée: 100 minutes
Format : Combo Pack (Blu-ray et DVD)
Langue : Anglais, français et espagnol
Un commentaire
Pingback: Critique Knock at the Cabin - Patrick Robert