Les politiciennes continuent d’être soumises à des normes impossibles et sexistes de la part des médias britanniques, selon une nouvelle étude effectuée par l’Université de Surrey.
Les travaux ont permis d’analyser plus de 115 articles publiés dans des tabloïds et d’autres journées britanniques directement après la démission de l’ex-première ministre Theresa May, en mai 2019. Les chercheurs ont constaté que l’un des thèmes dominants, dans l’évaluation de l’héritage de Mme May, était la perception de son incapacité à « réaliser le Brexit ».
Une bonne partie de cette couverture a dépeint Mme May comme politiquement et personnellement fragile, malgré ses 22 ans comme élue fédérale. L’étude avance que cette description s’appuie sur une vision sexiste qui associe la féminité, en politique, avec la faiblesse.
Selon la Dre Nathalie Weidhase, autrice de l’étude, « nous avons trouvé des traces de langage qui suggéraient fortement que la « faiblesse féminine » est l’opposée de la « force masculine » qui est jugée nécessaire pour « accomplir le Brexit ». Et donc, le Brexit a été construit comme étant masculin de façon inhérente, et les femmes sont perçues comme des menaces envers ce projet, ce qui souligne que le Brexit est un processus politique genré ».
« Malheureusement, aux yeux des médias, les qualités féminines, ainsi que les femmes elles-mêmes, peuvent uniquement se placer sur la voie du succès du Brexit, en tant que projet populiste profondément masculin. »
L’étude indique aussi, sous la forme d’un exemple de sexisme auquel sont soumises les politiciennes, que les journaux ont dépeint les larmes de Mme May comme un geste extraordinaire, pour un politicien, mais aussi comme une preuve que celle-ci possédait bel et bien des émotions féminines.
Ces émotions inattendues ont suscité de la sympathie à travers l’ensemble du spectre politique. Cependant, ces pleurs ont aussi révélé une série tensions à travers les médias britanniques, en fonction des lignes de partage liées au genre et aux orientations politiques.
Les travaux ont été publiés dans Feminist Media Studies.
Toujours au dire de la Dre Weidhase, « les performances émotionnelles viennent avec un coût, pour les femmes. Elles rendent les politiciennes plus aimables, mais celles-ci perdent en même temps de la crédibilité, et sont jugées comme étant m0ins compétentes ».
« Cela est donc une arme à double tranchant qui donne l’impression que l’assurance nécessaire pour le leadership est incompatible avec les qualités associées avec la féminité, comme l’empathie. »
« Les politiciennes sont dépeintes comme étant d’abord des femmes, puis des personnes impliquées en politique, mais elles sont appelées à représenter, simultanément, les autres femmes dans la sphère politique, ce qui est un poids supplémentaire. Dans le contexte des médias sociaux, cela s’intensifie selon des façons violentes, en vertu desquelles les politiciennes sont régulièrement soumises à des torrents d’actes et de déclarations sexistes », a ajouté la Dre Weidhase.