Tel un vilain de bande dessinée, James Gunn se commet une dernière fois à la tâche avec le troisième volet des Guardians of the Galaxy pour tout anéantir avant de se lancer à la barre des concurrents directs (dans le combat Marvel versus DC, pour ceux qui ne suivraient pas toutes les histoires). Un choix qui pourrait paraître surprenant de la part de celui qui avait pourtant donné un souffle nouveau au Marvel Cinematic Universe, mais ce choix est bien plus aligné avec son style habituel, qui comprend une bonne dose de destruction.
Bien qu’irrévérencieux, peut-être parce qu’il sortait un peu de nulle part après une succession de films aux superhéros légendaires et bien ancrés dans l’imaginaire, mais aussi parce qu’il a revigoré une franchise qui battait de l’aile avec des suites qui marquaient par leur caractère décevant, disons que Guardians of the Galaxy a atteint un statut de film culte que bien de ses confrères doivent envier.
Avec une distribution à tout casser, que ce soit dans les principaux (Chris Pratt n’est plus à présenter et Zoe Saldana a battu un record pour être la première actrice à jouer dans deux des franchises les plus profitables de tous les temps), ou les cameo (incluant un choix casse-gueule pour Bradley Cooper et Vin Diesel relégués au travail vocal malgré leur notoriété), une trame sonore qui joue encore en boucle pour beaucoup et des situations qui détonnaient par leurs revirements, voilà un film qui apportait son vent de fraîcheur certain.
Pourtant bien loin des films qui avaient fait la marque de son cinéaste James Gunn (connu pour son hémoglobine, son humour beaucoup plus singulier et son penchant pour l’horreur), les choses s’étaient un peu plus gâtées avec la suite qui allait décidément dans tous les sens, même si elle amusait.
Avec ce qu’on nous présente comme la conclusion de sa trilogie (Gunn a assumé la réalisation et l’écriture de tous les volets), le réalisateur comprend la volonté d’un dernier tour de piste et a davantage envie de jouer la carte de l’émotion.
Malheureusement, son assurance est souvent envahissante, tout comme son pouvoir évident de pouvoir faire pas mal tout ce qui lui plaît. Ainsi, à peine ressorti de son The Suicide Squad qui devait faire table rase sur le catastrophique premier film, il décide d’y aller ici avec le principe de « et pourquoi ne pas changer les choses une fois pour toutes? ».
On comprend cette volonté avec la vulgarité qu’on retrouve dans ce genre de films, mais aussi par une violence beaucoup plus proéminente et qui risque de faire douter ceux qui avaient l’habitude d’écouter ces films en famille.
Cela continue avec d’autres premières fois qui viendront changer plusieurs éléments qu’on croyait établis même au sein de la franchise, mais qu’on essaiera de ne pas dévoiler.
On ajoute à cela un visuel beaucoup plus axé sur le viscéral qui donne dans le dégoutant, le dégoulinant et à l’occasion le ragoûtant qui, bien que bien exécuté, commence à nous éloigner des aspects qui plaisaient, au départ.
On comprendra aussi qu’on a envie de tout faire et pas dans le sens d’en mettre plein la vue, mais un peu comme si on voulait tout essayer, ne serait-ce parce que c’est la dernière chance (ça s’étire encore beaucoup et c’est décidément à nouveau trop long) et que même dans son désir de se concentrer sur le passé d’un personnage en particulier, on n’arrive pas vraiment à garder notre intérêt.
Même les liens avec les films précédents s’avèrent souvent forcés (on pense à l’incursion des personnages de Will Poulter et Elizabeth Debicki, qui tiennent davantage du fardeau que d’autre chose) et les clins d’œil comme des passages obligés qui semblent déconcentrés Gunn de ses enfantillages.
Puisque voilà, s’il y a bien une chose qu’on retiendra du tout, c’est l’humour insipide, voire attardé qui vient régulièrement tout gâcher. Ses personnages imparfaits qui nous avaient fait craquer au premier tour sont ici aux limites du supportable en se chicanant encore et encore et encore, comme des enfants, scène après scène, ce qui devient plus que lassant. À ce niveau, Pom Klementieff est encore férocement mal utilisée et mérite certainement mieux.
C’est surtout dommage, parce qu’il y avait beaucoup de potentiel pour l’émotion, mais il y a une incapacité à développer le tout, que ce soit la mélancolie entourant les histoires d’amour, les amitiés fragiles ou les passés en dents de scie de ses personnages.
Surtout, aussi, considérant que chaque moment prometteur est continuellement à une seconde près de se faire rattraper par un gag que personne n’a demandé. À noter qu’on abuse encore inutilement des ralentis et que ces derniers n’accentuent certainement pas toujours l’émotion, ou même l’intensité. On prend des notes, s’il vous plaît.
Certes, il y a une efficacité d’exécution et on parlera certainement beaucoup du combat en plan séquence sur No Sleep Till Brooklyn des Beastie Boys, mais rien vraiment qu’on n’a pas déjà vu auparavant. Même la trame sonore certainement agréable ne détonne plus vraiment, sauf peut-être ce choix impressionnant pour la finale qui ne cadrent pas vraiment avec ce qu’on image les fans écouter à répétition.
Guardians of the Galaxy vol.3 est la marque évidente d’un créateur et probablement le meilleur exemple pour voir si on l’apprécie vraiment, au final. Le film est à mi-chemin entre la commande et son désir de finalement s’émanciper pour ce qu’il est vraiment, pour le meilleur et pour le pire. N’empêche, après quasiment une décennie à suivre ses personnages, qu’on le veuille ou non, les yeux se mouillent à l’occasion.
5/10
Guardians of the Galaxy vol.3 prend l’affiche en salle ce vendredi 5 mai.