On avait depuis longtemps identifié des gènes pouvant expliquer qu’une personne soit à plus haut risque de maladies comme la schizophrénie. La recherche a, depuis, effectué quelques pas de plus avec une « carte génétique » identifiant des interactions-clés entre plusieurs gènes.
L’idée d’une « cartographie génétique » pouvant être associée aux troubles mentaux remonte au début des années 2010 — c’est-à-dire une carte des gènes impliqués et surtout, de leurs façons de travailler en commun. Mais ce qu’une équipe d’une quinzaine d’institutions a récemment déposé sur le serveur de pré-publication MedRxiv, c’est la carte génétique la plus détaillée du cerveau de l’embryon. Assez détaillée pour, disent-ils, révéler des « réseaux » génétiques qui peuvent expliquer un risque accru de développer cinq troubles, dont la schizophrénie, la bipolarité et le trouble de déficit de l’attention avec hyperactivité (TDAH).
La force de leur recherche vient du fait qu’ils ont eu accès aux données génétiques de 654 embryons avortés ou cerveaux de foetus, provenant d’études antérieures. En se concentrant sur les gènes dont l’expression avait été associée, dans la dernière décennie, à ces cinq troubles mentaux, ils ont pu repérer davantage de « réseaux » génétiques qui se répétaient d’un cerveau à l’autre.
La limite de cette recherche est que les chercheurs n’ont aucune information sur l’historique des grossesses. Certaines pourraient par exemple avoir été interrompues en raison de complications au niveau du cerveau de l’embryon, ce qui fausserait l’analyse par rapport à des grossesses menées à terme.
Mais l’intérêt de cette recherche est qu’elle fournit un portrait à la fois plus pointu du problème — on commence désormais à avoir une idée des interactions entre ces gènes, une connaissance qui aurait été hors de portée des technologies d’il y a 20 ans — et plus général : une « architecture génétique » sous-jacente à ces cinq troubles pourrait être en train d’émerger de cette « cartographie ».