À au moins 40 reprises depuis qu’il a acheté Twitter en octobre 2022, Elon Musk a commenté favorablement ou partagé un message d’un compte étroitement associé à la mouvance QAnon, qui proclame qu’un complot mondial pédo-sataniste gouverne la planète. Par ailleurs, on apprend à présent que les médias d’État chinois ou russes ont droit à un nouveau coup de pouce de l’algorithme.
Selon une compilation réalisée à partir du site PolitiTweet, qui effectuait jusqu’à récemment un suivi des activités de diverses personnalités sur Twitter, on retrouve parmi les affirmations relayées par le milliardaire (« retwittées ») ou partagées avec un commentaire encourageant : le vaccin contre le coronavirus causerait des fausses couches (ce qui est faux), un policier de Washington aurait escorté un insurrectionniste le 6 janvier 2021 (également faux), une vidéo faussement attribuée à CNN, l’attaque au marteau contre le mari de l’ex-présidente de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, serait une invention, etc.
Non seulement Musk a-t-il 135 millions d’abonnés, mais on apprenait le mois dernier qu’il avait fait pression auprès de ses ingénieurs pour qu’ils trouvent un moyen d’accroître la portée de ses tweets. « Nous devrions nous inquiéter lorsqu’il répand de la désinformation », commente l’expert en psychologie des fausses croyances Brendan Nyhan, du Collège Dartmouth, en réponse à cette compilation des données publiée par l’Agence France-Presse (AFP) le 19 avril.
Le Washington Post avait aussi noté, dès décembre, que QAnon était en croissance sur Twitter, avec ou sans l’aide explicite de son nouveau propriétaire.
C’est en plus des autres analyses qui ont relevé que la désinformation sur le climat avait augmenté sur la plateforme en 2022, tout comme les propos haineux, tout comme, depuis la prise de contrôle de Twitter par Musk la popularité des usagers définis comme des « super-propagateurs » de désinformation.
Par ailleurs, jeudi dernier, après quelques jours de controverses entourant l’ajout de l’étiquette « média financé par l’État » collée entre autres à la BBC et à Radio-Canada, toutes les étiquettes de tous les médias sont disparues, y compris celles des médias d’État chinois, iraniens et russes.
Or, signale le 21 avril le Digital Forensic Lab (DFL), un groupe d’experts américains, plusieurs médias d’État de ces pays ont commencé récemment à gagner de nouveaux abonnés, après des mois de stagnation ou de déclin. La cause: le 29 mars, Twitter a discrètement annulé sa politique par laquelle l’algorithme « ne recommandera pas ou n’amplifiera pas les comptes ou les tweets » des « médias affiliés à l’État ». Cela signifie que leurs messages peuvent apparaître plus facilement dans les fils des usagers, alors que jusqu’ici, ceux-ci devaient activement les chercher pour y avoir accès.
La Russie contrôle au moins 9 comptes à travers sa télé RT (Russia Today) et la Chine, 28 : les courbes ascendantes des abonnés apparaissent très nettement à partir du 29 mars, dans l’analyse du DFL.
Quant à l’AFP, elle note aussi dans son reportage que Cheong, un blogueur d’extrême droite, a eu droit à au moins 60 messages relayés par Musk, ce qui en fait l’un des comptes les plus populaires du nouveau propriétaire. En réponse à ses questions, l’AFP a reçu, comme les autres médias ces dernières semaines, un émoji de crotte.