On nous annonçait mieux que des reprises, mieux qu’une imitation : on nous annonçait la réincarnation de Jacques Brel. L’amour est aveugle, dit-on, et la foi déplace les montagnes. Cela explique peut-être pourquoi les fans de Brel ont, pour la grande majorité, grandement apprécié la prestation d’Olivier Laurent dans Brel! le spectacle, jeudi soir dernier, au Théâtre Maisonneuve de la Place des arts.
Bien soutenu par quatre musiciens de talent, bravo au pianiste et à l’accordéoniste, Laurent se dépense sans compter pour gagner son public. Et c’est sans doute ça le problème, la déception que j’ai ressentie : le chanteur faisait plutôt penser à un Monsieur 100 000 volts qui serait dépourvu d’émotion. Il en faisait trop. Il chantait trop fort, il chantait et bougeait trop vite, il marmonnait parfois plus qu’il articulait. Nous avions sous les yeux une performance plus physique qu’artistique. Sauf pour quelques pièces comme Les vieux ou Le plat pays, des chansons plus douces, plus calmes et dans lesquelles un peu d’émotion transparaissait.
On a parlé de réincarnation, mais ce spectacle c’était bel et bien une tentative d’imitation du grand chanteur belge. Retournez voir la prestation de Jacques Brel à l’Olympia et vous verrez que Laurent se rappelle chacune des grimaces originales, chacun des gestes extravagants. Dans un concours d’imitation par les gestes, Laurent finirait premier, c’est sûr. D’ailleurs, le moment le plus impressionnant du spectacle, un coup de maître, c’est lorsque le chanteur interprète l’immense succès Quand on n’a que l’amour et faisant les voix de cinq des plus grands chanteurs de l’Europe francophone : Gilbert Bécaud, Yves Montand, Jacques Brel, Charles Aznavour et Johnny Halliday. Là, j’avoue, j’ai été soufflé!
Et c’est un peu ma conclusion : Laurent est un très bon imitateur, un chanteur à la voix puissante, mais pas un véritable interprète.
Si on aime les prestations un peu superficielles et qu’on a envie de réentendre les grands et très grands succès de Brel, c’est au spectacle d’Olivier Laurent qu’il faut aller.