Les violences conjugales ne datent malheureusement pas d’hier; fort heureusement, ces actes vils sont de plus en plus dénoncés et combattus avec ardeur, y compris sur les planches. Voilà donc à quoi s’emploie Poings, présentée dans la salle intime du Prospero, avec des méthodes qui font malheureusement sourciller.
Tout commence sur la piste de danse… Un homme trop entreprenant, trop agressif, trop direct; une femme qui, emportée par la musique, se laisse faire, même si son esprit lui hurle de prendre la fuite. Il ne s’agit pas, hélas, de la dernière fois où séduction rimera avec agression, avec de la violence ordinaire, mais constante. L’amour fait mal, dit-on, mais il faut souvent trop mal pour son propre bien.
Cette horreur encore trop répandue, autant Pauline Peyrade, aux textes, que Gaétan Paré, à la mise en scène, cherchent à la rendre réelle et crue. Mais n’en déplaise à la distribution – Francis-William Rhéaume, Jade-Mariuka Robitaille et Zoé Tremblay-Bianco –, les méthodes employées pour atteindre cet objectif laissent à désirer.
De fait, l’avertissement est bien là : la pièce emploie de la lumière stroboscopique, autant pour rappeler la piste de danse où l’homme et la femme se sont rencontrés que le côté détaché, artificiel de la chose. Mais entre l’utiliser avec parcimonie et consacrer une dizaine de minutes à matraquer le public, il y a un monde. Et sans être particulièrement photosensible, ce journaliste a jugé que l’effet scénique était non seulement trop long, mais qu’il était pratiquement superflu. On aurait très bien pu, par exemple, utiliser un éclairage différent pour transmettre le même message.
Et comme si cela n’était pas suffisant, les stroboscopes reviennent un peu plus tard, dans la pièce. Encore une fois, ils servent à encadrer un nouvel acte d’agression – carrément un viol, cette fois –, mais devoir détourner le regard parce que nous sommes éblouis n’est pas nécessairement une bonne idée lorsque l’on souhaite intéresser le public à ce qui se déroule sur scène.
Pour le reste, si on enlève cet aspect désagréable, que reste-t-il de Poings? De bons dialogues, en fait, surtout deux monologues, ou plutôt, un monologue et un monologue à deux voix (oui, c’est une façon un peu surprenante de voir les choses), où la réalité et les réflexions s’entrecroisent pour donner un résultat percutant. Ce sont lors de ces deux moments que la pièce est à son meilleur, où l’on nous indique que malgré toute la peine et la douleur, l’espoir existe encore.
Poings, présentée au théâtre Prospero jusqu’au 6 mai