Les jeux d’action se déroulant dans l’espace peuvent être complexes; on aura beau aimer Elite : Dangerous d’un amour presque inconditionnel, il n’en reste pas moins que le titre de Frontier nécessite beaucoup de temps, une (ou plusieurs) page(s) ouverte sur un deuxième écran pour se renseigner, et possiblement un ensemble de manche à balai et manette des gaz à plusieurs centaines de dollars. Everspace 2, développé par Rockfish Games, jette tout cela aux orties pour offrir du divertissement pur et simple.
Comme le démontrait le premier essai technique rendu disponible en 2020, si ce nouveau jeu de simulation et d’action spatiales se déroule dans le même univers que son prédécesseur, les développeurs en ont toutefois transformé l’ADN : plus question de rogue-lite, ici, avec des parties où l’on doit s’attendre à mourir, pour ensuite recommencer en utilisant les ressources, l’argent et les améliorations accumulées au fil des (nombreux essais.
Non, ici, Rockfish Games est retourné aux bases du genre, en s’inspirant très largement de l’excellent Freelancer, au début des années 2000. Le protagoniste, Adam, l’un des clones du personnage principal du premier jeu – l’armée pour laquelle nous nous battions préférait créer des copies du même soldat encore et encore, plutôt que d’en former de nouveaux –, s’évade de prison en compagnie de Dax, un homme au passé trouble.
Ce passé va d’ailleurs rattraper les deux hommes, alors que ceux-ci tentent de remettre sur pied une vieille base spatiale qui appartenait à Dax.
Mais il faut l’avouer, l’histoire d’Everspace 2 est non seulement classique, mais aussi largement oubliable, du moins, au cours des premières heures de jeu. Toujours à l’image de Freelancer, le protagoniste devra détruire une base de pirates ici, infiltrer discrètement un port spatial là, négocier avec des bandits… Rien qui n’ait pas déjà été vu auparavant.
Non, ce qui fait la différence, par rapport aux autres jeux du genre, c’est la facilité avec laquelle il est possible d’exister, dans l’univers d’Everspace 2. Bien sûr, il y a des temps de chargement, mais aussi des temps de déplacement entre divers endroits dignes d’intérêt. Et bien sûr, chaque zone spécifique possède des limites propres, bien qu’invisibles pour le besoin de la cause.
Mais une fois aux commandes de notre vaisseau, la facilité avec laquelle il est possible de naviguer, d’explorer, d’éviter des obstacles, de récupérer des ressources et des armes, et évidemment de combattre, fait en sorte que notre appareil devient en quelque sorte une extension de notre personnalité, de notre présence physique.
Cela est aidé, notamment, par le fait qu’il faudra résoudre plusieurs puzzles impliquant généralement de transporter des objets – débris, accumulateurs et autres – afin d’activer un mécanisme, ou encore d’atteindre un endroit précédemment inaccessible. Et tout cela s’effectue à bord de son vaisseau, comme si l’on déplaçait des blocs avec des mains capables de tirer des torpilles et de faire exploser des engins ennemis.
Il ne faut pas non plus oublier la fantastique beauté du titre : des vaisseaux aux planètes, en passant par les simples épaves qui jonchent un endroit pratiquement aléatoire de l’espace, le titre est magnifique, sans non plus entraîner la fonte d’une carte graphique moins puissante que les plus récents titans.
Une adaptation essentielle
Everspace 2 offre aussi une très, très grande liberté d’action pour concevoir ses propres stratégies lorsque vient le temps de confronter des adversaires. Faut-il simplement foncer sur un ennemi après l’autre pour les combattre à l’image des combats de chasse de la Deuxième Guerre mondiale? Faut-il plutôt se tenir en retrait et utiliser ses missiles? Qu’en est-il de l’idée d’utiliser des habiletés spéciales, comme le fait de déclencher une panne temporaire chez les vaisseaux adverses, ou encore de leur transmettre un virus informatique qui provoquera des dégâts importants?
Le jeu n’attendra pas non plus que le joueur prenne simplement une décision : avec le temps, les ennemis deviennent plus intelligents, plus résistants, plus dangereux… Et emploieront des tactiques toujours plus complexes.
D’ailleurs, il se produira des moments où la difficulté semblera soudainement ridiculement élevée. D’autant plus que dans les pires moments, il sera impossible de s’échapper, et notre vaisseau sera détruit à répétition. Heureusement, le jeu offrira alors de relancer la plus récente sauvegarde, généralement un enregistrement automatique lors de notre arrivée dans un lieu précis, et il sera toujours possible de faire demi-tour et d’aller voir ailleurs.
Est-ce qu’Everspace 2 est parfait? Pas tout à fait. Mais ses très nombreuses qualités supplantent aisément ses défauts, et c’est sans surprise que l’on souhaite continuer à explorer cet univers complexe et riche en événements et aventures de toutes sortes, même après une dizaine d’heures de jeu, et en ayant à peine, semble-t-il, effleuré la surface de ce qu’il est possible d’accomplir.
Everspace 2
Développeur et éditeur : Rockfish Games
Plateformes : PlayStation 4 et 5, Xbox One et Series, MacOS, Linux, Windows (testé sur Windows / Steam)
Jeu offert en français (interface et sous-titres)