Les Nations unies lancent une nouvelle mise en garde : alors que la croissance mondiale devrait être plus faible que prévu, cette année, notamment en raison de l’inflation et des impacts persistants de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, les pays en développement, déjà confrontés à une situation économique difficile, voient leur niveau d’endettement augmenter rapidement, le tout sur fond d’aide internationale jugée insuffisante.
Dans une note d’information publiée récemment, la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED) appelle à la mise en place d’un « programme économique international audacieux afin d’éviter une nouvelle décennie perdue pour les pays en développement ».
L’agence internationale précise que pour bien des pays en développement, la croissance économique prévue sera non seulement inférieure à celle envisagée pour les pays industrialisés, mais carrément « bien en deçà de la décennie de forte croissance qui a précédé la crise financière mondiale ».
En fait, la CNUCED dit s’attendre à ce que la croissance économique mondiale s’établisse à 2,1 %, en 2023, après les 2,2 % prévus en septembre de l’année dernière.
Parallèlement à ce ralentissement de la croissance, la hausse des taux d’intérêt, qui se poursuit depuis plusieurs mois pour tenter de contrer l’inflation provoquée par la sortie de la pandémie et la guerre en Ukraine, aura son propre effet délétère sur les dettes des pays en développement; la CNUCED estime ainsi qu’au cours des prochaines années, cette hausse de taux coûtera « plus de 800 milliards de dollars » aux pays moins riches.
« Dans le même temps, les coûts d’emprunt, mesurés par les rendements des obligations souveraines, ont augmenté de 5,3% à 8,5% pour 68 marchés émergents. Dans l’ensemble, la pression exercée par les créanciers extérieurs sur les pays en développement pour qu’ils réduisent leurs déficits budgétaires devrait s’accroître », lit-on dans la note d’information.
L’agence onusienne met aussi en garde contre le fait que ce surendettement provoquera non seulement une crise du développement, mais aussi un « creusement des inégalités », d’autant plus que 39 pays paient davantage en remboursement de leurs emprunts, à des créanciers extérieurs, que ce qu’ils ont reçu en nouveaux prêts. Cela, précise la CNUCED, « aura un impact négatif sur les investissements publics et la protection sociale ».
De plus, l’agence internationale précise que depuis 10 ans, un nombre croissant de nations doivent maintenant consacrer davantage d’argent au remboursement de leur dette qu’aux soins de santé. Au cours de cette période, 28 pays supplémentaires se sont ainsi retrouvés aux prises avec ce problème, pour un total de 62.
Autre obstacle : l’inflation alimentaire demeure particulièrement élevée, alors que l’inflation globale, elle, a diminué. « L’impact combiné de la hausse des taux d’intérêt et des prix de l’énergie et des denrées alimentaires, dans le contexte d’une baisse du soutien budgétaire, devrait encore affaiblir les dépenses des ménages, notamment en matière de logement », prévient la CNUCED.
Pour s’attaquer à ces problèmes, le rapport de l’agence onusienne suggère de « renforcer l’agenda financier multilatéral » et de se « concentrer de toute urgence sur la réforme de l’architecture de la dette ».
La CNUCED propose par ailleurs l’instauration d’un « mécanisme multilatéral de gestion de la dette provenant à la fois des créanciers et des débiteurs ».