Le trio électro Magic Sword, qui se spécialise dans un genre musical mêlant les synthétiseurs, les rythmes plus électros et les univers fantastiques et fantaisistes, aurait-il perfectionné son art au point d’atteindre son objectif? Avec le nouvel album Badlands, le groupe offre enfin une « véritable » épopée, tout en sacrifiant le côté plus dansant de l’oeuvre.
Vangelis, mais aussi John Carpenter, ou encore la trame sonore de Tron : Legacy… Dès les premières mesures de la pièce d’introduction, Savior Lost, non seulement le ton est-il donné avec le titre, mais les influences sont claires et nettes. Plutôt que de flirter avec le synthwave, généralement plus léger, et le darksynth, débordant de symboles à connotation religieuse, un sous-genre remarquablement bien représenté par Vulta et Carpenter Brut, entre autres, Magic Sword a toujours tracé son propre chemin.
Si le précédent cycle, car c’est bien d’une nouvelle épopée musicale dont il s’agit – surtout avec la sortie du bien nommé Omnibus, en 2022, qui rassemble les quatre disques précédents –, avaient des allures de chevauchée fantastique, épée à la main, cette fois, Badlands, comme son nom le mentionne, évoque les terres désolées du désert, d’un lointain Far-West, sur une planète probablement brûlée par plus d’un soleil.
Le ton est non seulement plus sombre, avec un grand nombre de notes lancinantes, d’accords puissants et dramatiques, mais – ou plutôt surtout, c’est selon – on a aussi l’impression d’attendre quelque chose. Attendre la confrontation finale entre le Bien et le Mal, peut-être. Ou s’agit-il d’attendre que notre héros, blessé par les forces de l’ombre ou rongé par son propre passé, surmonte ses craintes et ses propres démons pour répondre à l’appel?
Là où les précédents albums exposaient davantage la dualité, l’opposition claire entre le Mal et le Gardien de l’épée magique, ici, les lignes sont donc floues. Mais la différence majeure, et certainement le point autour duquel il est envisageable d’articuler une critique, se trouve du côté du style de l’album. Bien sûr, Magic Sword est Magic Sword, et Magic Sword produit de la musique qui ressemble aux autres titres du groupe.
Cette fois, cependant, Badlands est beaucoup plus un album cinématographique, qui raconte une histoire complète, plutôt qu’un album comportant une structure narrative centrale, oui, mais dont les différentes parties pouvaient s’écouter séparément. Pour les amateurs de musique électronique atmosphérique, qui souhaitent par ailleurs écouter l’album d’un trait, c’est l’idéal.
Pour ceux qui aimeraient plutôt de la musique électronique au son de laquelle hocher la tête en travaillant ou en marchant dans la rue, tout en s’imaginant brandir une épée magique sur fond de lasers multicolores, il faudra passer son chemin.
Est-ce une bonne ou une mauvaise chose? Ultimement, personne n’empêche les amateurs du groupe de retourner écouter The Beginning, Invincible ou encore A New Quest, pour ne nommer que quelques-unes de ces excellentes chansons suivant le strict code des quatre temps.
Badlands est un pas dans une direction nouvelle; sans trop s’éloigner du sentier déjà bien débroussaillé par les albums précédents, ce disque permet de constater qu’il existe bel et bien une façon (un peu) différente de raconter une grande histoire, le tout sur fond de synthétiseurs, de néons et de combats contre les puissances maléfiques peuplant l’univers.