Un petit pas dans la bonne direction? La part de l’électricité mondiale qui est produite par carburants fossiles a peut-être atteint son sommet en 2022.
Elle serait, autrement dit, sur le point d’amorcer son inéluctable déclin, selon le rapport annuel de la firme britannique de consultants en énergie Ember. Les émissions de CO2 liées à l’électricité ont augmenté de 1,3% — conséquence de la fin des confinements —, mais il s’agit probablement de la dernière augmentation, jugent les auteurs. Pendant cette même année, la part d’électricité produite par le solaire et l’éolien est passée de 10 à 12%, soit une augmentation de près de 20%. Et cette dernière augmentation, elle, est vouée à s’accélérer dans les prochaines années, avec l’accroissement des investissements dans ces énergies renouvelables.
Les calculs dans ce rapport annuel proviennent des données officielles de 78 pays représentant 93 % de la production mondiale d’électricité. On souligne toutefois qu’ils ne parlent que de la production d’électricité: or, le plus gros contributeur aux émissions de gaz à effet de serre reste le secteur des transports.
Cet accroissement des investissements dans les énergies renouvelables, en 2022, est dû en partie à la guerre en Ukraine, qui a accéléré des projets en cours dans plusieurs pays. Mais d’autres initiatives, dont le Plan de réduction de l’inflation voté en 2022 aux États-Unis, auront des impacts en 2023 et 2024. L’Agence internationale de l’énergie était arrivée à une conclusion similaire en novembre dernier: observant l’ensemble des émissions de CO2, incluant celles des transports, elle plaçait le pic de la demande mondiale en carburants fossiles au milieu des années 2030.
Dans l’immédiat, des facteurs imprévus peuvent retarder temporairement cette transition: le rapport d’Ember note ainsi que la récente diminution des prix des carburants fossiles sur le marché mondial pourrait maintenir les émissions du secteur de l’électricité à leur actuel niveau pendant une ou deux années de plus.
Même dans le scénario optimiste toutefois, ce sera trop tard pour empêcher la température moyenne de la planète de dépasser le seuil du 1,5 degré d’augmentation par rapport au 19e siècle, et ça pourrait être insuffisant pour l’empêcher de dépasser le seuil des 2 degrés à la fin du siècle. Pour ce dernier seuil, tout dépendra de la vitesse à laquelle s’accéléreront les investissements dans les énergies renouvelables, dans la prochaine décennie.