La mémoire à court terme s’appelle ainsi pour une bonne raison : elle n’est plus fiable après quelques secondes. Mais des chercheurs suggèrent que c’est encore pire lorsque les informations ne correspondent pas à nos attentes et à nos biais.
Une équipe de trois psychologues à l’Université d’Amsterdam a fait passer à un peu plus de 400 personnes différents tests impliquant de mémoriser des lettres qui apparaissent à l’écran. Une série de six à huit lettres, placées en cercle, apparaissaient pendant un quart de seconde, puis trois secondes plus tard un carré vide apparaissait là où s’était trouvée une des lettres, puis une autre série de lettres apparaissait pendant une autre fraction de seconde, que les participants étaient appelés à ignorer. Le test, officiellement, consistait à déterminer quelle lettre se trouvait à l’endroit où le carré était apparu.
Une ou deux des lettres avaient également été placées à l’envers, ce dont avaient été prévenus à l’avance les participants. Le taux d’erreur a été plus élevé de 39 %, chez les participants qui se sont dit les plus confiants d’avoir la bonne réponse.
On avait en effet demandé aux participants, après le test, de noter leur niveau de confiance. D’autres variations de ce test amènent ainsi les chercheurs à conclure que le degré de confiance en soi semble affecter la fiabilité de la mémoire à court terme.
Cela réfère à une hypothèse, chez les psychologues et les neurologues qui étudient depuis longtemps la mémoire à court terme. Celle-ci, malgré son nom, s’appuie en partie sur notre capacité à faire des prédictions sur le monde qui nous entoure. Lorsque nous lisons un texte, nous sommes capables de déduire un mot à partir des premières lettres, voire une phrase à partir des premiers mots. Dans la vie de tous les jours, notre cerveau anticipe continuellement des événements de quelques fractions de seconde, à partir de nos expériences passées.
Par conséquent, ont spéculé les chercheurs dans la revue PLOS One, un tel système est vulnérable aux biais et aux attentes : c’est ce qu’ils ont cherché à tester en plaçant aléatoirement des lettres à l’envers. Celles-ci, écrivent-ils, ont suffisamment « dérouté » les cerveaux des participants pour qu’ils fassent des déductions erronées sur ce qu’ils avaient pourtant « mémorisé » quelques secondes plus tôt. En fait, l’erreur la plus courante est d’avoir dit qu’il s’agissait d’une vraie lettre alors qu’il s’agissait de sa version inversée.
Pour notre mémoire à long terme, la chose fait encore moins de doute, ont déjà établi d’autres recherches : elle est faillible et autant nos biais que nos attentes peuvent altérer nos souvenirs. Mais c’est une chose plus facile à démontrer avec des événements vieux de quelques jours ou quelques mois, qu’avec un « événement » vieux de quelques secondes…