Il a déjà été démontré que les événements extrêmes liés à l’eau peuvent avoir un impact de plusieurs façons sur la sécurité humaine; dans une nouvelle étude publiée dans Nature Water, des chercheurs de Politecnico di Milano et de l’Université de Californie à Berkeley ont davantage creusé les liens complexes entre les sécheresses et les conflits en Amérique centrale.
Pour la période allant de 1986 à 2016, ces spécialistes ont exploré la façon dont la disponibilité des ressources hydriques a un impact sur la production agricole et la sécurité alimentaire, en plus de se pencher sur les relations entre cette insécurité alimentée par la sécheresse et l’émergence de conflits dans la région.
Les villes d’Amérique centrale sont connues pour leur haut taux d’homicide et de violence urbaine lié à la prolifération de jeunes gangs criminels appelés maras. Par ailleurs, les communautés rurales sont menacées par la canicula, une saison sèche qui se déroule entre juillet et août, et ses impacts graves sur l’agriculture, ce qui représente la principale source d’alimentation et de revenus.
« Pour la première fois, dans notre étude, nous tenons explicitement compte de la sécurité alimentaire comme mécanisme central dans la chaîne liant les pénuries d’eau potable induites par les sécheresses et les conflits. Nous analysons comment les échanges alimentaires internes peuvent influencer le niveau de sécurité alimentaire allant des zones agricoles aux zones de consommation des aliments, comme les villes », a indiqué Martina Sardo, principale autrice de l’étude.
Selon la professeure Maria Cristina Rulli, l’une des autrices de l’étude, « en unissant un modèle hydro-agrologique à un système statistique qui combine la disponibilité et l’accès à l’eau et à la nourriture; et en y ajoutant des indicateurs socio-économiques de conflits, nous avons découvert que la diminution de la disponibilité et de l’accessibilité de l’eau et de la nourriture joue un rôle majeur dans l’éclatement de conflits ».
À l’opposé, mentionne la Pre Rulli, « les conditions de paix stables sont davantage influencées par des conditions socio-économiques favorables ».
« De plus, les conflits faisant rage à un endroit précis peuvent aussi être influencés par les conditions de pénurie d’eau à des endroits très éloignés, ce qui explique comment le commerce alimentaire interne peut renforcer et provoquer la croissance des liens entres l’eau, la nourriture et les conflits. »
L’étude offre, selon ses auteurs, de nouvelles informations à propos de la façon dont le climat et la disponibilité de l’eau peuvent interagir avec le bien-être humain et l’instabilité sociale à travers le prisme de la sécurité alimentaire. Les travaux démontrent également l’importance de renforcer la résilience des communautés rurales des pays en développement pour éviter l’apparition de tensions sociales.