Comment peut-on se réinventer aux yeux du monde et du public à l’aube de sa quatrième décennie d’existence et la venue de son 20e spectacle (si l’on ne compte que ceux sous chapiteau, puisqu’il s’agit en fait de la 51e production originale)? C’est l’une des pistes de réflexion qui a lancé le désir bouillant derrière Echo, tout nouveau spectacle du Cirque du Soleil dont la conférence de presse a eu lieu ce mercredi 5 avril au matin.
D’abord connu sous le titre Sous un autre jour, la plus récente création du Cirque du Soleil s’est métamorphosée sans perdre son cœur, résultant de la nouvelle réalité qui nous habite depuis 2020. Passant entre les mains de Es Devlin à Mukhtar Omar Sharif Mukhtar (ancien acrobate pour le spectacle The Beatles Love à Las Vegas devenu auteur et metteur en scène), sous la supervision de Chantal Tremblay à titre de directrice de création, on a eu envie de se réinventer, tout en faisant réfléchir.
Ainsi, comme on s’en doute, on peut s’attendre à ce qu’innovation et théâtre s’allient aux arts du cirque pour en mettre plein la vue. Les trois numéros choisis au hasard qu’on a présentés aux médias devaient donner une idée globale du spectacle.

D’abord, le premier numéro de deux funambules en simultanée attirait l’intérêt pour deux raisons, soit de s’exécuter sur des cordes lousses (le numéro s’appelle littéralement « Duo fil mou »), mais aussi de prendre place en plein cœur du fameux cube, structure mystérieuse qui cache encore bien des secrets avant de se dévoiler à pleine capacité dans quelques semaines.
À cela, précisions toutefois que le cube ne fut pas l’élément le plus convaincant jusqu’à présent. On avait déjà la phobie des poutres dans le chapiteau (un élément à ne jamais sous-estimer quand on choisit ses places), mais avec ce nouvel élément clé du spectacle, il faut savoir que les extrémités du fameux cube font exactement la même chose lorsque vient le temps de cacher de l’action à ne pas manquer.
Temporairement, certes, puisque le cube tournoie évidemment sur lui-même grâce à la scène, mais tout de même fâchant, puisqu’il fait perdre de sérieux bouts de numéros. Et n’essayez pas de déplacer la tête si vous êtes dans le mauvais angle, la vue est entièrement bloquée. Espérons donc que les autres utilités de ce cube seront moins contraignantes et plus impressionnantes.

Ensuite, un numéro d’acrobaties intitulé « cadre humain », dans lequel une dizaine d’artistes éthiopiens s’exécutent sans matelas ni protection. Une twist qui augmente l’aspect danger et fait grandir la nervosité des spectateurs, mais qui est bien accueillie pour un concept qu’on connaît assez bien. On aime le sentiment d’union et de bonheur qui se dégage dans la routine qu’on a voulu dansante, même si ce ne sont pas tous les participants de ce numéro qui semble avoir la même aisance de déhanchement.
On retient toutefois son souffle pour le dernier numéro qui fut présenté, soit la suspension par les cheveux, sorte de trapèze capillaire si l’on veut, concept déjà vu auparavant, mais plus complet et poussé cette fois-ci, avec la singularité d’opposer deux artistes en parfait miroir. Le clou du numéro risque par ailleurs de faire décrocher la mâchoire!

Parmi les autres spécificités du spectacle, on y note la musique. Durant notre entrevue, l’une des quatre chanteuses principales, Pascale Brigitte Boilard, nous a raconté comment les sept membres de l’orchestre sont cette fois également chanteurs et comment la voix a ainsi été perçue comme un instrument de musique, histoire d’incorporer le chant comme partie intégrale de la création.
S’il reste encore plusieurs détails au niveau musical à fignoler d’ici la première, l’artiste aurait difficilement pu sonner plus enthousiaste de faire partie de l’aventure, elle qui avait déjà répondu à l’appel pour sa première version, prévue il y a trois ans.
Enfin, on reste encore vague sur tout ce qui compose le spectacle, qui veut offrir une réflexion sur la cohabitation des humains et des animaux, tout comme de notre rapport à la nature et de ce qui nous entoure. Dans ce qui apparaît comme des désirs plutôt minimalistes en ensemble, gageons néanmoins que la troupe ne manquera pas de matériel pour nourrir nos yeux et notre imaginaire.
Echo, tout nouveau spectacle sous chapiteau du Cirque du Soleil, débute sa tournée comme de coutume au Vieux-Port de Montréal, le 20 avril prochain, et restera en ville jusqu’au 20 août.