La mesure était nécessaire, affirme-t-on, mais elle marque malgré tout un tournant : afin de compléter son « virage numérique », la Coopérative nationale de l’information indépendante (CN2i) a annoncé mercredi la fin de l’édition papier du samedi des six quotidiens régionaux regroupés sous cette bannière. Pour la Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ), le geste est à marquer d’une pierre blanche.
Le processus était déjà enclenché : au sein de la Coopérative, toutes les éditions papiers, à l’exception de celle du samedi, avaient déjà disparu à l’été 2020, après un projet pilote en ce sens, en mars de la même année, en raison de l’impact de la pandémie sur les annonceurs et les revenus publicitaires. Désormais, à la fin de cette année, Le Soleil (Québec), Le Droit (Gatineau), Le Quotidien (Chicoutimi), La Voix de l’Est (Granby), La Tribune (Sherbrooke) et Le Nouvelliste (Trois-Rivières) ne seront plus accessibles qu’en ligne.
Selon des propos rapportés par Le Devoir, la nouvelle était cependant attendue par les employés des six journaux régionaux, et n’a donc pas surpris personne. À la FPJQ section Québec, toutefois, le président Alexandre Duval a évoqué le « poids historique » de cette mesure.
« Ce n’est pas seulement la fin de l’édition papier du samedi. C’est la fin du papier tout court, une tradition vieille de plus de 125 ans au Soleil. C’est aussi la fin d’un certain modèle d’affaires dont la transformation était amorcée depuis quelques années », a-t-il déclaré par voie de communiqué.
Par ailleurs, la FPJQ espère que malgré la centaine de postes qui seront supprimés, dans la foulée de la fin de l’édition papier des journaux de CN2i, l’impact sera « le plus limité possible » sur les professionnels de l’information.
On espère par ailleurs que Le Soleil pourra maintenir « son offre essentielle dans l’écosystème d’information de la région de Québec ».
Les journaux de CN2i ne sont pas les seuls à ressentir les effets cumulés des problèmes liés aux revenus publicitaires, dans un contexte où le papier coûte de plus en plus cher; voilà déjà un certain temps que La Presse, à Montréal, n’est plus accessible qu’en version numérique, via l’application ou en ligne. Quant à Québecor, le Journal de Québec et le Journal de Montréal ne sont plus disponibles en version papier, le dimanche, depuis la fin de l’an dernier.
Là encore, on blâmait l’impact des géants du numérique, dont Google et Facebook. Québecor accuse aussi le diffuseur public, Radio-Canada, de s’accaparer une partie des revenus publicitaires disponibles pour les médias d’ici.
En ce qui concerne la fin de l’édition du samedi des journaux de CN2i, le président de l’ensemble de la FPJQ, Michaël Nguyen, rappelle que « comme dans la plupart des pays, les versions imprimées des médias disparaissent à tour de rôle afin de réduire les coûts de distribution pour les médias ».
« Bien qu’il s’agisse de l’application d’une décision qui était prévue depuis un certain temps, qui se fera de manière ordonnée par CN2i, ça démontre l’urgence d’aller de l’avant avec le projet de loi C-18, afin de rétablir un équilibre financier », ajoute-t-il, en parlant de l’intention, de la part du gouvernement fédéral, de forcer les GAFA, ces géants du web, à conclure des ententes avec les médias d’ici en vue d’un partage des revenus publicitaires.
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