Le secteur de l’énergie renouvelable fait face à un dilemme : comment l’Australie pourra-t-elle se débarrasser de 80 millions de panneaux solaires de façon « verte » lorsque ceux-ci atteindront la limite de leur durée de vie?
De façon paradoxale, l’une des raisons pour lesquelles les gens installent des panneaux photovoltaïques en très grand nombre est que ces derniers souhaitent réduire leur empreinte environnementale, mais l’industrie doit maintenant s’attaquer à un problème à venir : celui formé de 100 000 tonnes de panneaux qui devront être démantelés d’ici 2035, et ce, uniquement en Australie.
Pour limiter au maximum les dégâts, des chercheurs de l’University of South Australia ont proposé un système d’encadrement des panneaux solaires.
Dans des travaux publiés dans AIMS Energy, le professeur Peter Majewski indique que des incitatifs sont nécessaires pour que les fabricants conçoivent des panneaux solaires pouvant être plus facilement recyclés s’ils sont endommagés, ou ne sont plus sous garantie.
« L’Australie a l’un des taux d’adoption de panneaux solaires les plus élevés de la planète, ce qui est formidable, mais on n’a pas beaucoup réfléchi au grand volume de ces panneaux qui finiront leur vie au dépotoir, 20 ans plus tard, lorsqu’ils devront être remplacés », mentionne le Pr Majewski.
« Il existe quelques étapes de recyclage simples qui peuvent servir à réduire le volume des déchets, y compris en retirant le cadre des panneaux, la surface protectrice en verre et les connecteurs avant de s’occuper du reste. »
« Certaines interdictions d’envoyer les panneaux au dépotoir sont déjà en place [dans l’État australien de] Victoria, à la suite des décisions de certains pays européens, ce qui encourage les compagnies d’installation à commencer à penser à utiliser des matériaux recyclables lorsqu’ils font fabriquer les panneaux. »
Une législation nécessaire
Toujours au dire du Pr Majewski, ces interdictions d’envoyer des panneaux au dépotoir sont un outil efficace, mais nécessitent des lois pour s’assurer que les déchets ne finissent pas simplement dans d’autres endroits où le cadre réglementaire est moins strict.
Les numéros de série permettant déjà de connaître l’historique des panneaux solaires pourraient aussi servir à surveiller le recyclage et s’assurer que le processus de traitement respecte les normes environnementales en vigueur.
« Plusieurs nations européennes ont des lois en place, en ce qui concerne les fabricants de voitures électriques, pour s’assurer qu’ils utilisent des matériaux pouvant être recyclés à hauteur de 85 %, à la fin de la vie utile des véhicules. Quelque chose de similaire pourrait être mis en place pour les panneaux solaires », a encore indiqué le Pr Majewski.
Les polymères étanches utilisés dans les panneaux solaires posent des risques pour l’environnement, notamment parce qu’ils libèrent des gaz dangereux lorsqu’ils sont incinérés. L’exposition à ces gaz peut gravement irriter et brûler les yeux, en plus de provoquer des maux de tête, de la nausée, ainsi que des oedèmes pulmonaires dans le pire des cas, ce qui entraîne parfois des dégâts permanents.
Le silicone est lui aussi l’un des principaux matériaux entrant dans la fabrication de panneaux solaires; en fait, il s’agit du deuxième plus abondant matériau sur Terre, après l’oxygène, et le conducteur le plus souvent utilisé dans la production de puces informatiques.
« La demande est particulièrement importante pour le silicone, alors il est important que ce matériau soit recyclé pour réduire son empreinte environnementale », juge le chercheur.
« Environ trois milliards de panneaux solaires ont été installés à l’échelle globale, ce qui représente environ 1,8 million de tonnes de silicone de haut niveau, soit un prix de 7,2 milliards de dollars américains. En tenant compte de cela, le recyclage des panneaux solaires a le potentiel d’être viable sur le plan commercial. »
Toujours au dire du Pr Majewski, un marché de la deuxième main pourrait aussi être mis sur pied en réutilisant les panneaux solaires qui fonctionnent toujours. « La réutilisation des panneaux solaires offre une série d’avantages sociaux et environnementaux, mais les consommateurs auront besoin de garanties selon lesquelles les panneaux de seconde main fonctionneront correctement et offriront une capacité minimale en termes de production d’énergie. »
Toute loi sur la fin de vie des panneaux solaires devra aussi viser les panneaux existants en plus de ceux qui seront fabriqués à l’avenir, en plus de soutenir la création d’une économie du seconde main, dit-il, avant d’ajouter qu’il pourrait être nécessaire d’imposer un frais sur la vente de panneaux solaires pour aider à financer leur gestion, une fois leur vie utile terminée.
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