Avec l’arrivée du printemps, le Centre Phi propose une toute nouvelle expérience immersive en deux temps. Du 22 mars au 11 juin 2023, l’exposition composée d’une œuvre britannique novatrice et de quatre films de réalité virtuelle promet de captiver pratiquement tous nos sens. Le temps dans son inéluctable trajectoire, le chaos source de désordre, les souvenirs comme autant de toiles tissées : le plus récent événement présenté par le Centre Phi puise dans nos émotions et notre capacité à observer autrement.
FRAMERATE: Pulse of the Earth
Présenté en première mondiale au Festival international du film de Venise en 2022, puis au Centre Phi en première canadienne ce mois-ci, FRAMERATE : Pulse of the Earth est bien plus qu’un projet artistique. La science fait partie intégrante de la réalisation de cette installation immersive qui témoigne de l’évolution des paysages. Les données compilées sont le fruit de scènes récoltées chaque jour durant un an.
Produit et réalisé par ScanLAB Projects, FRAMERATE : Pulse of the Earth matérialise la temporalité des altérations provoquées par le comportement humain, les industries et les forces de la nature. L’œuvre documente à la fois le chaos et les changements organiques à travers une série de thèmes comme la destruction, l’extraction, l’habitation, la construction, les récoltes, la croissance et l’érosion.
Fascinante, cette œuvre révèle sur huit écrans des scènes extraites de paysages britanniques, par le biais de la méthode de prédilection ScanLAB Projects : des milliers de numérisations quotidiennes en 3D. Ce faisant, les séquences à l’écran exposent des variations normalement indécelables avec une caméra classique.
Il s’agit par conséquent d’une expérience à la fois contemplative et ancrée dans la réalité avec des images de falaises qui s’érodent, d’arbres verdoyants, de châteaux de sable emportés par la marée, de panoramas citadins en mouvement et ainsi de suite
Présent lors de la visite de presse du 21 mars, Matt Shaw, réalisateur et producteur exécutif de FRAMERATE, considère que documenter et s’exprimer de la sorte en usant de captations tridimensionnelles ouvre la porte vers d’autres possibilités. Qui sait, cela représente peut-être même l’avenir de la photographie.
Les visiteurs sont invités à retirer leurs chaussures avant d’entrer dans la salle dont le plancher est recouvert de tapis. Les lumières s’éteignent et huit écrans s’éclairent. Les spectateurs peuvent alors déambuler entre les écrans qui diffusent des scènes en accéléré. L’effet hypnotisant du parcours est décuplé par la bande sonore de Pascal Wyse qui s’harmonise aux paysages qui défilent devant nos yeux. La musique, tantôt vaporeuse, tantôt angoissante, s’agence aux scènes qui se révèlent parfois terrifiantes ou fantastiques. Le visuel, le son, la présence d’autres spectateurs dans la salle : tous ces éléments donnent la sensation d’être totalement absorbé par cette œuvre immersive.
Au-delà de son aspect contemplatif, FRAMERATE : Pulse of the Earth pose un regard critique sur les changements environnementaux exacerbés par la présence humaine et sur la documentation perpétuelle de nos environnements par le biais de la technologie mise à la disposition de tous. L’installation fait également prendre conscience de notre place infiniment petite dans un univers en mouvance.
Quatre œuvres taïwanaises en réalité virtuelle
Dans un deuxième temps, l’exposition Chaos et mémoires accueille quatre autres productions, qui, contrairement à l’expérience collective de FRAMERATE : Pulse of the Earth, se vivent en solo, tel un tête-à-tête avec le film immersif. Également montrées pour la première fois au Canada, ces quatre œuvres taïwanaises nécessitent le port de lunettes de réalité virtuelle et d’un casque d’écoute. Ces réalités virtuelles toutes récentes de 2022 revisitent des souvenirs, qu’ils soient personnels, historiques ou expérimentaux.
All that Remains (12 minutes, anglais) de Craig Quintero évoque l’aspect réconfortant et familier de ce qui nous entoure : « Le soleil se lève à l’est. Il y a vingt-quatre heures dans une journée. J’existe. » Frontière perméable entre le rêve et la réalité ainsi que la peur et le désir, All That Remains est une expérience méditative à travers laquelle le spectateur se sent immergé et poussé hors de sa zone de confort.
Pour sa part, Red Tail (20 minutes, anglais, mandarin) de Fish Wang est une épopée magique s’inspirant des réminiscences de l’enfance. Un garçon se met à la poursuite d’une intrigante queue rouge qui entraîne à la fois l’enfant et le spectateur dans un monde fantastique, l’incitant ensuite à s’aventurer dans son for intérieur rempli de secrets.
Se déroulant entre les murs de l’ancienne prison de Green Island, The Man Who Couldn’t Leave (35 minutes, anglais, mandarin, taïwanais) de Chen Singing est raconté par A-Kuen, un personnage symbolique. Ce film immersif s’inspire de faits vécus par les dissidents politiques emprisonnés durant les années 1950, et propose une expérience qui permet au spectateur de ressentir l’espoir et la peur du protagoniste.
Finalement, MISSING PICTURES Episode 2 : Tsai Ming-Liang, The Seven-Story Building (français, anglais, taïwanais, coréen, mandarin, allemand, 11 minutes) par Clément Deneux documente les souvenirs d’enfance du cinéaste taïwanais Tsai Ming-Liang. Cette histoire qu’il n’a jamais pu porter à l’écran est celle d’un garçonnet que les grands-parents emmenaient chaque soir visionner de vieux films au cinéma. L’artiste rend hommage à ses aïeuls et nous invite comme témoin externe à explorer le passé qui le hante.
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Note : certaines séquences peuvent affecter les personnes photosensibles.
22 mars au 11 juin 2023
Centre PHI
315, rue Saint-Paul Ouest, Montréal
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