Une nouvelle étude de l’Université de Californie à Riverside facilite la capacité des humains d’« éteindre » les protéines permettant d’activer le sperme des moustiques, ce qui empêcherait ces spermatozoïdes de nager ou encore de fertiliser les oeufs des femelles.
Ces travaux, affirment les chercheurs, pourraient aider à contrôler les populations du Culex, le moustique le plus répandu qui transmet l’encéphalite et le virus du Nil occidental.
« Lors de l’accouplement, les moustiques se collent queue à queue, et les mâles transfèrent leur sperme dans le conduit reproducteur femelle. Celui peut y être stocker pendant un certain temps, mais il doit quand même circuler du point A au point B pour compléter la fertilisation », affirme Cathy Thaler, principale autrice de l’étude et spécialiste en biologie cellulaire.
Au coeur de ce processus, on retrouve des protéines spécialisées qui sont sécrétées lors de l’éjaculation; ces protéines activent les flagelles des spermatozoïdes, c’est-à-dire la « queue » qui permet leur mouvement.
« Sans ces protéines, le sperme ne peut pas pénétrer dans les ovules. Les spermatozoïdes demeurent immobiles, et vont éventuellement se dégrader », précise Richard Cardullo, professeur de biologie et lui aussi auteur de l’étude.
La recherche, détaillée dans la publication scientifique PLOS ONE, donne un aperçu de l’ensemble des protéines contenues dans le sperme des moustiques, ce qui permet d’identifier celles qui maintiennent la qualité des spermatozoïdes lorsqu’elles sont inactives, et qui sont ensuite activées pour permettre le mouvement.
Pour obtenir ces informations, l’équipe de recherche a fait appel à des étudiants qui ont isolé jusqu’à 200 moustiques mâles se trouvant au sein d’une population plus vaste. Ils ont ensuite extrait suffisamment de sperme de leur petit conduit reproducteur pour que des équipements de spectrométrie de masse puissent détecter et identifier les protéines.
Précédemment, les spécialistes avaient déterminé que les spermatozoïdes avaient besoin de calcium, au moment d’entrer dans un conduit reproducteur, pour alimenter le déplacement vers l’avant. « Maintenant, nous pouvons observer le profil protéinique complet que nous avons créé, identifier les protéines liées au calcium, et concevoir des expériences pour cibler ces canaux de transport », mentionne M. Cardullo.
Ce genre de ciblage protéinique offre une avenue de contrôle des moustiques qui est plus « verte » que d’autres approches pouvant avoir des impacts toxiques inattendues. « Nous avons cessé de répandre des pesticides partout, parce que cela tue tous les insectes, les bons comme les mauvais, en plus de nuire à d’autres animaux », rappelle Mme Thaler.
« Notre travail jette les bases d’une forme de contrôle biologique, ce qui serait sans doute préférable », ajoute M. Cardullo.
Le mot important, ici, écrivent les chercheurs, est effectivement « contrôle », et non pas éradication. Même si le fait d’immobiliser les spermatozoïdes serait efficace à 100 % pour les moustiques traités, il n’est pas possible, ou même désirable, de tous les tuer. Cette technologie changerait la proportion de mâles fertiles au sein d’une population de moustiques donnée, plutôt que de tous les faire disparaître, précisent les spécialistes.
« Les moustiques sont les animaux les plus dangereux sur Terre. Mais autant que les gens les détestent, autant la plupart des environnementalistes s’opposeraient à un plan pour les éradiquer. Ils jouent, après tout, un rôle important dans la chaîne alimentaire des poissons et d’autres animaux », poursuit M. Cardullo.
L’équipe de recherche espère que cette information à propos des moustiques Culex pourrait aussi servir pour contrôler les populations d’autres espèces de moustiques. À mesure que la crise climatique prend de l’ampleur, bien d’autres espèces de cet insecte, dont ceux qui transmettent la malaria, se déplacent vers l’hémisphère nord.
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