Tout est inhabituel dans la tempête tropicale Freddy, qui avait fait, en date du 14 mars, au moins 220 morts à Madagascar et sur la côte africaine, spécialement au Malawi. Inhabituel, parce qu’on n’a jamais vu une telle tempête durer aussi longtemps. Et parce qu’elle risque d’amplifier une épidémie de choléra.
Freddy s’est formé au large des côtes de l’Australie au début de février. Le cyclone (on dit « cyclone » pour des tempêtes de plus de 120 km/heure qui se forment au-dessus des océans Indien ou Pacifique, et « ouragan » au-dessus de l’Atlantique) a traversé la totalité de l’océan Indien — devenant seulement la quatrième tempête connue à parcourir ces 8000 kilomètres. Il a atteint Madagascar le 22 février. S’affaiblissant quelque peu, la tempête a poursuivi sa course vers la côte africaine, apportant des pluies torrentielles au Mozambique et au Malawi pendant plus d’une semaine. Dans un autre revirement inattendu, elle a infléchi sa course et est revenue frapper Madagascar dans la nuit du 10 au 11 mars, avant de revenir vers la côte africaine, au Malawi, le 12 mars. Pour un total de 34 jours en date du 14 mars, alors que le record précédent était de 31 jours.
Les météorologues qui parlent de cette durée record ne s’entendaient pas, la semaine dernière, sur le statut à lui donner, puisque Freddy a atteint jusqu’à la force d’un cyclone de catégorie 5 à son pic de puissance, au-dessus de l’océan Indien, avant de devenir une tempête tropicale — définie par des vents de moins de 120 kilomètres/heure — et de passer même en-dessous du seuil de tempête tropicale pendant son survol de la terre ferme.
Mais à tous points de vue, c’est une tempête qui sort de l’ordinaire: pendant ces cinq semaines, elle s’est intensifiée à sept reprises (le précédent record était de quatre), et elle a battu un record de ce que les météorologues appellent « l’énergie cyclonique accumulée », cette dernière ayant été comparée par la NASA à l’ensemble de l’énergie accumulée par toute une saison normale d’ouragans aux États-Unis.
Ce qui pose la question de savoir s’il s’agira longtemps d’une anomalie. Les climatologues ne s’entendent pas pour dire si le réchauffement climatique augmentera le nombre de tempêtes majeures, mais ils observent que l’intensité moyenne de ces tempêtes, elle, augmente.
En attendant, le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies rappelle dans son bulletin du 12 mars qu’une grave épidémie de choléra sévit actuellement au Malawi: 29 000 cas recensés et au moins 900 morts. Comme le choléra se transmet par de l’eau contaminée, une telle tempête, si elle détruit au passage les systèmes d’épuration des eaux, peut contribuer à amplifier l’épidémie.
Le gouvernement du Malawi a décrété l’état d’urgence: sur les 200 morts recensés en date du 14 mars, on compte « plus de 40 enfants », selon Médecins sans frontières, la majorité dans la métropole. Mais le bilan pourrait grossir à mesure que les secours auront accès aux régions coupées du reste du monde à cause des routes ou des ponts détruits par les eaux.
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