LecturesB, collaboration spéciale
Anathema sur l’usurpateur, écrit par Bernard Anton, est un livre récent publié chez l’éditeur francophone l’Harmattan. Ce recueil de poèmes, sous forme de haïkus, révèle un regard profond et bouleversant sur la guerre en Ukraine. En utilisant la forme concise et expressive du haïku, Anton réussit à décrire de manière puissante les conséquences humaines de la guerre qui sévit sur le territoire. Une tragédie qui ne touche pas seulement les êtres humains, mais aussi la nature, triste spectatrice et victime de circonstances qui la dépassent.
Bernard Anton, que l’on connait également sous son surnom Ben, est un auteur de talent installé au Québec. Il a consacré sa carrière à l’exploration de divers domaines, notamment l’art dramatique, la littérature, la pédagogie, etc. Avec une expérience de plus de 35 ans dans l’écriture au compteur, il a publié une vaste quantité d’ouvrages, allant de la poésie au roman en passant par le slam, les nouvelles, le théâtre, l’essai.
En plus de ses réalisations artistiques, Bernard – qui est très spirituel, est aussi réputé pour son approche thérapeutique holistique, qui vise à aider les gens à surmonter leurs blessures et à atteindre le bien-être. Il a également créé un prix pour mettre en lumière le haïku en 2020, année marquée par le coronavirus. D’ailleurs, il a également écrit sur ce sujet, puisque les thèmes d’actualité sont des continuelles sources d’inspiration pour lui.
Par exemple, son recueil de nouvelles, La muse, décrit les comportements humains et diverses situations qui ont pour but de faire réfléchir le lecteur. Ses derniers livres de haïkus portent les titres énigmatiques suivants : Montagnes de cendres, Célébrades et Lauriers pour l’Ukraine.
Anathema sur l’Usurpateur fait donc sens, puisqu’il vient compléter les Lauriers qui sont les prémices d’un engagement encore plus appuyé, en faveur de la résistance ukrainienne face à l’envahisseur russe. Ce recueil dénonce cette guerre injuste, tout en appelant à une vie plus harmonieuse avec la nature.
Engagement puissant
Son nouvel ouvrage se présente clairement sous la forme d’une prise de parti, qui vise à attaquer la responsabilité de la Russie dans ce conflit innommable. Les mots choisis avec soin et les images frappantes utilisées par Anton décrivent fidèlement la lutte pour la paix en Ukraine. En mettant en valeur ce peuple courageux, l’auteur démontre son soutien inconditionnel à ces gens, devant subir les pires atrocités de la guerre, dont les bombardements, les viols et les morts par milliers jonchant des rues dans une atmosphère digne d’un film postapocalyptique… Et pourtant, c’est la réalité.
Dans son Anathema sur l’Usurpateur, Bernard Anton fait preuve d’un engagement puissant en faveur de l’Ukraine. Il parvient brillamment à capturer à travers ses haïkus les émotions complexes que suscite ce conflit. En utilisant des images déchirantes et une ambiance carrément morbide, il interroge indirectement les lecteurs sur le prix de la vie humaine et sur le devoir de la société d’être à l’écoute de ces souffrances. Ces vers évoquent un monde en proie à une violence sans nom, qui se voit s’écrouler lui-même, à la manière d’un château de cartes. Anton dénonce ce génocide, base sur des mensonges soufflés par une propagande massive, dans un système qui se prétend avancé et moderne. Il y a une réelle réflexion sur le pouvoir de la poésie pour traduire la rage et l’indignation que suscitent les crimes de guerre perpétrés. Le terme Anathema n’est pas anodin, car il fait référence à la colère divine, renforçant l’idée de la gravité des actions décrites dans le recueil.
Enfin, une postface fournit une mise à jour sur la situation de la guerre en cours. Pour toutes ces raisons, Anathema sur l’Usurpateur est un ouvrage original et d’actualité, qui interroge sur les valeurs fondamentales de la société et sur le pouvoir de la poésie à faire écho à l’injustice. Finalement, l’Art avec un grand « A » a souvent été le théâtre d’un engagement, d’un discours pour dénoncer des scènes abusives et des atrocités. En quelques exemples, L’étranger de Camus ou encore les poèmes de Jacques Prévert, ouvertement antimilitaristes.
Cet ouvrage de Bernard Anton se distingue par l’usage insolite du haïku, un genre poétique japonais traditionnel, pourtant peu commun en littérature francophone actuelle. Ce choix de forme accentue le caractère poignant et éloquent des messages transmis. Le haïku, en effet, a pour but de capturer un moment unique et éphémère et de véhiculer une émotion marquante en peu de mots. Dans ce recueil, les haïkus de Bernard Anton nous invitent à faire une pause dans notre quotidien et à réfléchir sur les conséquences de la guerre en Ukraine. La lecture est donc éprouvante, difficile et souvent intense. Cœurs et âmes sensibles s’abstenir… L’auteur décrit avec talent des images fortes et poignantes pour évoquer le sang coulé et la destruction.
D’ailleurs, la postface du livre offre un éclairage supplémentaire sur la situation en Ukraine, ce qui accentue la pertinence du recueil et son engagement politique. Cette œuvre livre donc une critique implacable de la violence, qui appelle à la réflexion et à la prise de conscience de la scène mondiale. Finalement, Anathema sur l’Usurpateur se révèle être un ouvrage littéraire puissant et émouvant, invitant à une remise en question sur la guerre et sur la société en règle générale. Nous avons tous notre rôle à jouer, à notre échelle…
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