Google a finalement mis – en partie – sa menace à exécution contre le gouvernement canadien, dans le cadre de la guerre des nerfs opposant le géant de la recherche en ligne à Ottawa. Pour moins de 4 % des internautes canadiens, il est maintenant impossible de consulter des contenus d’actualité en passant par Google, ce que le gouvernement fédéral, mais aussi la Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ) dénoncent vertement.
Selon ce que rapporte la FPJQ dans un communiqué publié jeudi, Google a indiqué « tester brièvement les réponses potentielles des produits au projet de loi C-18 qui ont un impact sur un très petit pourcentage d’utilisateurs canadiens. L’entreprise effectue des milliers de tests chaque année pour évaluer tout changement potentiel à son moteur de recherche ».
Le torchon brûle depuis plusieurs années entre Google et le gouvernement Trudeau en raison de ce projet de loi, qui vise à forcer les grandes plateformes numériques à conclure des accords avec les différents producteurs de contenus, afin de corriger le très important déséquilibre en matière de revenus publicitaires, 80 % de ces entrées d’argent liées à des contenus d’actualités allant à Google, YouTube et Facebook, par exemple, plutôt qu’aux médias.
Depuis le début des démarches du gouvernement fédéral pour corriger ce qu’il considère comme une injustice envers les créateurs canadiens de contenus, Google affirme ne pas avoir d’autre choix, si le projet de loi est adopté, de bloquer l’accès à tous les contenus canadiens d’actualité sur ses services.
Ottawa argue qu’en agissant de la sorte, le géant du web privera les Canadiens d’un accès à de l’information essentielle.
C’est également l’avis de la FPJQ qui, par la voix de son président Michaël Nguyen, affirme qu’« en testant un blocage de contenu journalistique, Google démontre malheureusement qu’elle accorde plus d’importance à ses bénéfices qu’au droit du public à une information fiable et vérifiée ».
« Cette superpuissance numérique se dit ainsi prête à laisser le champ libre au contenu qui désinforme, plutôt que de perdre une infime fraction de ses revenus en versant aux médias des redevances pour du contenu qui lui permet de s’enrichir. »
M. Nguyen précise qu’aucun type de contenu informatif ne sera épargné. Le président de la FPJQ juge que l’attitude du géant numérique américain « est une preuve supplémentaire que le projet de loi C-18 doit aller de l’avant, sans tarder, au bénéfice de toutes les Canadiennes et tous les Canadiens ».
De son côté, le ministre de Patrimoine canadien, Pablo Rodriguez, a déclaré sur Twitter que « c’est tellement décevant de voir Google bloquer des sites de nouvelles », mais que « les Canadiens ne se laisseront pas intimider ».
« Les Canadiens doivent avoir accès à des nouvelles de qualité, fondées sur des faits et c’est pour ça qu’on a déposé la Loi sur les nouvelles en ligne. Les géants du web doivent être plus transparents et rendre des comptes aux Canadiens », a ajouté le ministre.
Cet enjeu n’est pas limité au territoire canadien : Google a déjà mis sa menace à exécution, par le passé, et bloqué les contenus de nouvelles en Australie, après l’adoption d’une loi similaire au projet C-18; l’entreprise américaine avait fait marche arrière après quelques jours et l’adoption de modifications à la loi.