Les rumeurs de la fin de la mondialisation sont prématurées, selon une nouvelle étude réalisée par des chercheurs des Universités de Waterloo et de Colombie-Britannique, ainsi que de la China Europe International Business School, à Shanghaï.
Les conclusions de ces spécialistes vont à l’encontre d’idées largement répandues voulant que la rivalité entre les États-Unis et la Chine, récemment renforcée par l’histoire du ballon-espion chinois, ne peut qu’accroître les divisions et séparer le monde en deux camps.
Selon le Dr Victor Cui, les analyses démontrent que cela n’arrivera sans doute pas.
« Tout d’abord, les coûts économiques potentiels sont trop élevés pour les États-Unis, la Chine, leurs alliés et la planète entière », dit-il. « Le morcellement de la mondialisation finit ultimement par nuire aux consommateurs, ce que nous vivons trop bien. La mondialisation n’est pas terminée. »
Au-delà des réalités économiques, les chercheurs ont découvert que la rivalité Washington-Pékin est entre autres basée sur une incompréhension. Par exemple, les intentions de la Chine d’atteindre l’« autosuffisance » étaient largement défensives, alors que Washington les voyait comme uniquement agressives. De leur côté, affirment les spécialistes, les leaders communistes chinois se sont hérissés lorsqu’ils ont constaté les tentatives des Américains de limiter la puissance économique et politique croissante de la Chine.
Les auteurs suggèrent que les États-Unis pourraient avoir exagéré la menace techno-nationaliste chinoise envers le monde basé sur l’ordre libéral pour diverses raisons. Tout d’abord, affirme-t-on, la Chine centralise de plus en plus son contrôle des démarches en matière d’innovation, ce qui ne devrait pas permettre de maintenir une cadence de croissance élevée. De plus, toujours selon les spécialistes, Pékin pourrait ne pas être en mesure de continuer à injecter de vastes sommes visant à soutenir l’innovation technologique, en raison du ralentissement de sa croissance économique.
De plus, la Chine doit aussi faire face à une pénurie de jeunes travailleurs, au cours de la prochaine décennie, des suites de son ancienne politique de l’enfant unique.
Les auteurs des travaux jugent ainsi que les principales idées à propos de la croissance et du développement technologique chinois, qui menaceraient l’hégémonie américaine, sont surfaites.
« Nous nous attendons à ce que la menace chinoise disparaisse peu à peu, elle n’est pas soutenable à terme », mentionne M. Cui. « Une fois que la peur de la Chine diminuera aux États-Unis, nous prévoyons que le désengagement ralentira, et finira même par se dissiper. Nous pouvons avancer, de façon conservatrice, qu’il y aura des changements. »
Selon les experts, l’ensemble de la planète bénéficierait d’un partenariat entre les États-Unis et la Chine, plutôt qu’une rivalité, puisque les deux pays pourraient ainsi mieux gérer les enjeux mondiaux, comme l’inflation, les changements climatiques et les futures pandémies, tout en réduisant les risques de confrontations militaires.