Il est de ces spectacles qui laissent la spectatrice que je suis plutôt perplexe. Ils sont rares, mais I miss grandma so sad, présenté au Théâtre de la Chapelle, est de ceux-là.
On ne peut même pas dire que ce one man show de François Bouvier, qui s’annonce comme du cirque contemporain interdisciplinaire, soit décousu, ou ennuyeux, ou désagréable. C’est plutôt que j’ai eu l’impression de n’assister à rien d’autre qu’à une succession de minuscules effets de surprise sans intérêt majeur, dans quelque chose qui se veut une performance avec narration, mais impossible à rattacher à quelque interprétation que ce soit.
La scène en début de spectacle offre pourtant quelques promesses. Un dispositif encombrant pour l’entrainement à l’art circassien du funambule, son épais matelas de sécurité, deux petits écrans dont un qui n’est en fait que le plateau d’une petite table, des câbles électriques un peu partout et des amplificateurs. Cachée derrière l’un d’eux, la tête d’un homme allongé, dont on aperçoit la base rouge du bonnet et les vêtements jusqu’aux chaussures blanches de sport.
L’artiste met du temps à débuter sa performance. On le voit finalement ramper sur le sol, déclencher une vidéo où après l’image d’un vague paysage, un homme s’adressant à nous parlera mais sans qu’on n’entende rien. L’artiste va ensuite disparaître derrière le tatami alors qu’une voix off nous raconte l’histoire d’un homme qui acquiert un téléphone intelligent à Barcelone puis se retrouve dans un avion vers Hambourg où un évènement majeur survient mais on ne sait pas trop quoi.
François Bouvier réapparait à moitié dévêtu et chaussé de bottines à talons compensés, avec lesquelles il grimpera finalement sur son fil de funambule, mais dans l’obscurité de la scène… Car la lumière s’éteint et se rallume. Lui change de vêtements sans qu’on comprenne bien comment. De la fumée envahit la scène…
Après coup et en racontant ici ce que j’ai vu, tout cela me semble plus près du récit d’un rêve nocturne que de la réalité, mais ce n’est pas l’impression que j’ai eue sur le moment. Si c’était là l’intention de l’artiste, peut-être alors aurait-il fallu donner un autre titre au spectacle que celui de cette grand-mère dont on ne voit aucune trace et que je n’ai pu là non plus rattacher à rien dans la performance proposée?
Une performance de François Bouvier cirque contemporain interdisciplinaire
I miss grandma so sad, du 20 au 23 février 2023 au Théâtre La Chapelle, à Montréal