Les marques de bonbons, de grignotines sucrées et salées, de boissons sucrées et de crème glacée apparaissent régulièrement dans des vidéos publiées par les principaux influenceurs pour enfants sur les chaînes YouTube destinées aux jeunes, selon une nouvelle étude de l’Université du Connecticut.
Les conclusions de ces travaux, publiés dans Pediatric Obesity et s’appuyant sur des vidéos publiées sur 13 canaux, canaux qui cumulaient plus de 155 milliards de visionnements en date de juin 2020, indiquent que 38 % de ces vidéos comptaient des placements de produits pour de la nourriture, des breuvages ou encore des restaurants.
Ces placements de produits apparaissaient en moyenne quatre fois par vidéo.
Ce sont les marques de bonbons qui apparaissaient le plus souvent, représentant ainsi 42 % des placements publicitaires, suivies par les marques de grignotines, de boissons sucrées et de crème glacée (32 % au total). Les produits « santé », comme l’eau en bouteille, le lait naturel, ou encore les fruits, ne représentaient que 9 % des produits alimentaires montrés à l’écran.
Les chercheurs ont tenté de savoir à quelle fréquence les marques de produits alimentaires apparaissaient dans les vidéos destinées aux jeunes avant et après janvier 2020, lorsque YouTube a mis en place une interdiction de publicités pour aliments et boissons dans les vidéos destinées aux jeunes, en plus de déterminer quels produits apparaissaient le plus souvent.
Selon la plateforme, la désignation de vidéo pour enfants représente les contenus conçus pour les jeunes de moins de 13 ans.
De la pub malgré l’interdiction
« Nous avons été choqués de constater à quelle fréquence les marques de malbouffe apparaissaient dans des vidéos pour enfants sur des chaînes connues, avec des milliards de jeunes téléspectateurs », a indiqué Frances Fleming-Milici. « Malgré l’interdiction de YouTube sur les pubs pour boissons sur les chaînes pour enfants, les influenceurs continuent de faire la promotion de produits nocifs pour la santé auprès des jeunes. »
Les spécialistes ont identifié les chaînes pour enfants les plus populaires à l’aide d’un site internet qui collige des statistiques pour les différents réseaux sociaux. Les chercheurs ont ainsi sélectionné un échantillon aléatoire de 400 vidéos publiées en 2019 et 2020 sur les 13 chaînes les plus visitées, ce qui représentait environ le tiers de l’ensemble des vidéos.
Le nombre de marques de produits apparues à l’écran n’a pas changé de 2019 à 2020, mais le nombre de marques de bonbons a largement augmenté, pour représenter 47 % de tous les placements publicitaires, contre 36 % auparavant. Quant au nombre de vidéos montrant des produits santé, celui-ci a également augmenté.
Cependant, de la malbouffe est apparue dans plus de deux tiers des vidéos, ce qui vient contrer les possibles opportunités pour mettre de l’avant des messages plus favorables à une meilleure nutrition chez les enfants.
Et malgré un très grand nombre de vidéos avec des placements de produits, à peine un seul de ces contenus comprenait une déclaration faisant état d’une entente financière entre la marque et le producteur de contenus pour enfants, tel qu’exigé par les lois américaines.
Cependant, impossible de savoir si les influenceurs ont été rémunérés par des entreprises pour effectuer des placements de produits dans leurs vidéos.
Parmi les autres conclusions de l’étude, on note qu’une personne importante apparaissant dans une vidéo consommait un aliment ou buvait une boisson dans environ le tiers des placements publicitaires, et que cette proportion était passée de 25 %, en 2019, à 38 % en 2020.
Dans 15 % des vidéos, les marques alimentaires ont aussi été verbalement mentionnées par des personnes présentes dans les contenus, ou les noms sont apparus sur des jouets, des collants, ou encore en mortaise des vidéos apparaissant dans les résultats de recherche sur YouTube.
« Plus de la moitié des placements de produits mettaient en vedette des marques de compagnies qui participent à une initiative de l’industrie alimentaire visant à encadrer la publicité des aliments destinée aux enfants », a souligné Jennifer Harris, chercheuse impliquée dans l’étude.
« Malgré les engagements de ces entreprises à ne faire que la promotion de choix plus santé auprès des enfants, les influenceurs pour enfants font régulièrement la promotion de marques dont les propriétaires ne peuvent présenter de la publicité directement aux jeunes, y compris pour des bonbons, des boissons sucrées, ainsi que des grignotines. »