Pour réduire la dissémination et la multiplication des superbactéries et des virus résistants aux traitements de la médecine moderne, il est nécessaire de réduire la pollution et de modifier nos habitudes de vie, selon un nouveau rapport publié par les Nations unies.
Ainsi, réduire la pollution de l’environnement avec des déchets humains, animaux, pharmaceutiques, agricoles et médicaux est essentiel pour réduire l’émergence, la transmission et la dissémination de ces superbactéries et virus.
Coécrit par le professeur David W. Graham, de l’Université Newscastle, le rapport démontre que la résistance antimicrobienne, qui peut créer des superbactéries, est étroitement liée à la triple crise planétaire représentée par le changement climatique, la perte de biodiversité et la pollution, le tout alimenté par l’activité humaine, et par l’aspect insoutenable de la consommation des ressources et de la production industrielle.
Le document indique également qu’il est nécessaire de changer notre comportement et d’accroître les investissements dans des solutions s’appliquant à plusieurs domaines d’activité de notre civilisation.
L’impact de la résistance aux antibiotiques
Classée par l’Organisation mondiale de la santé comme l’une des 10 plus importantes menaces envers la santé humaine, il est estimé que la résistance aux antibiotiques a été directement responsable de 1,27 million de morts en 2019, pour un total de près de 5 millions de morts directement ou indirectement attribuables à cette résistance.
Cette multiplication des cas de résistance signifie que les solutions existantes pour éviter et traiter les infections chez l’humain, chez les animaux et chez les plantes pourraient s’avérer inefficaces, et la médecine moderne pourrait s’avérer incapable de traiter même les plus simples des infections.
Toujours selon le rapport, ce phénomène pourrait entraîner jusqu’à 10 millions de décès par an d’ici 2050, ce qui correspondrait à la mortalité des cancers en 2020.
Sur le plan économique, cette résistance bactérienne représenterait une perte de productivité de l’ordre de 3400 milliards de dollars par an dès 2030, ce qui pousserait 24 millions de personnes en plus vers une situation de pauvreté extrême.
De l’avis du Pr Graham, « le nouveau rapport de l’ONU sur les superbactéries, sur leur résistance aux antibiotiques et sur l’environnement vient changer la donne, puisqu’il fournit des preuves solides voulant que notre seule solution pour éviter l’augmentation de cette résistance consiste à adopter des méthodes qui touchent divers aspects de notre vie de tous les jours ».
« Le document démontre que l’environnement est essentiel dans le développement et la transmission de la résistance aux antibiotiques, y compris chez les humains et les animaux. »
Parmi les solutions mises de l’avant par les auteurs des travaux, on propose la création de « cadres réglementaires robustes à différents paliers de gouvernement », « l’augmentation des efforts mondiaux pour améliorer la gestion de l’eau et le nettoyage des eaux potables » et « la mise au point de nouveaux systèmes de financement » pour assurer une lutte efficace contre ce phénomène de résistance bactérienne, entre autres propositions.
Pour le directeur du programme des Nations unies en environnement, Inger Andersen, « la résistance bactérienne n’est pas seulement un enjeu en matière de santé, ou en matière d’environnement. C’est une question d’équité. Un nombre rend la chose tout à fait claire. D’ici 2030, cette résistance pourrait coûter jusqu’à 3400 milliards de dollars par an, ce qui pousserait 24 millions de personnes en plus dans une situation de pauvreté extrême. Si nous sommes sérieux dans notre intention d’améliorer l’équité et de sauver des vies, nous devons agir maintenant ».
« Ultimement, agir sérieusement contre la résistance bactérienne veut dire prévenir la pollution environnementale. »