Se déclinant en deux tomes, la série Space Connexion, créée par le scénariste El Diablo et l’illustrateur Romain Baudy, propose sept variations uniques (et assez humoristiques) sur le thème du premier contact entre les extraterrestres et l’humanité.
Anthologie en deux volumes, Space Connexion regroupe sept épisodes sur le thème des extraterrestres qui dépeignent, chacun à leur façon, les différentes manières dont le contact entre les visiteurs de l’espace et l’humanité pourrait se dérouler. Le premier tome, intitulé Darwin’s lab, contient quatre courtes histoires, tandis que le second, Alien legacy, en inclut trois. Le scénariste français El Diablo (qui habite au Québec depuis 2015), maîtrise l’art d’être succinct et de raconter rapidement un récit complet qui va droit à l’essentiel, sans aucun temps mort. En l’espace de seulement sept à vingt pages pour chaque intrigue, il parvient en effet à introduire sa prémisse, la développer et placer une conclusion, souvent inattendue et étonnante.

Sommes-nous seuls dans l’univers? Des objets volants non identifiés survolent-ils la Terre? Les intentions des visiteurs de l’espace sont-elles pacifiques ou belliqueuses? Apportent-ils l’espoir, ou causeront-ils notre perte? Devrions-nous avoir peur des extraterrestres, ou est-ce plutôt eux qui devraient avoir peur de nous? Influencé par la science-fiction pulp des années 1950, Space Connexion aborde toutes ces questions avec beaucoup d’humour. Mettant en vedette des trafiquants de drogue, des hommes d’affaires véreux, des rednecks du Sud des États-Unis, ou l’élite de la société composée des plus grands chercheurs, médecins et diplomates, chaque rencontre se termine mal, et toutes semblent avoir en commun la même morale, soit que les humains sont trop cons, cupides et agressifs pour accueillir des êtres venus des confins du cosmos.
Bien que chaque récit soit complètement indépendant, on apprécie la manière dont le scénariste effectue des rappels subtils d’une intrigue à l’autre, que seuls les lecteurs prêtant attention remarqueront. Un visiteur du futur dans le second tome parle des Kryllons, une race extraterrestre qui serait responsable d’avoir décimé la planète et l’humanité en 2078, et qui est brièvement évoquée dans le premier volume. Une histoire de station de forage pétrolier dans le Grand Nord (dont l’ambiance évoque le The Thing de John Carpenter) a pour protagoniste un certain monsieur Crowley, un homme d’affaires sans pitié. Dans le deuxième livre, parmi les ruines postapocalyptiques d’une cité, on discerne un conteneur portant le nom de sa compagnie.

Space Connexion permet d’apprécier la grande versatilité de Romain Baudy en tant qu’illustrateur. Chaque récit présente une race différente de visiteurs de l’espace, et le design des extraterrestres, inspirés des insectes (papillons, lombrics, mantes religieuses), des poissons (raies, requins-marteaux), et même des plantes, sont tous plus délirants les uns que les autres. Ses vaisseaux spatiaux sont aussi très inventifs, passant des soucoupes volantes plus classiques aux engins insolites combinant organique et mécanique. Il reproduit également une grande variété d’environnements avec le même talent : paysages nordiques, jungle tropicale, ou métropoles en ruines. Chaque tome se termine par quelques pages de croquis, et des ébauches de personnages.
De La Guerre des mondes en passant par Rencontres du troisième type, la question du premier contact entre les extraterrestres et l’humanité a souvent été explorée dans la culture populaire, mais la série Space Connexion réussit à apporter sept regards différents sur ce thème classique de la science-fiction.
Space Connexion – Tome 1: Darwin’s lab, de El Diablo et Romain Baudy. Publié aux éditions Glénat, 64 pages.
Space Connexion – Tome 2: Alien legacy, de El Diablo et Romain Baudy. Publié aux éditions Glénat, 64 pages.