Si ce ballon est vraiment un espion, le moins qu’on puisse dire est qu’il n’est pas très discret. En 2023, il existe des méthodes bien plus efficaces pour espionner un autre pays — quoique plus coûteuses.
Une partie des États-Unis est en émoi depuis jeudi: un mystérieux ballon chinois se retrouve au-dessus de leur territoire. Vendredi dernier, le gouvernement chinois a émis officiellement des excuses, parlant d’une problème technique et décrivant l’objet comme un ballon météo. L’armée de l’air américaine l’a finalement abattu, samedi.
Tous les experts interrogés à ce sujet s’entendent pour dire que les deux hypothèses sont plausibles. Il pourrait s’agir d’un ballon météo qui a dérivé au-delà de sa route prévue et qu’un problème technique a empêché de détruire au-dessus du Pacifique. Il pourrait aussi s’agir d’un « intrus » envoyé à dessein pour tester la rapidité de défense de « l’adversaire » — comme plusieurs pays le font chaque année, sans le dire tout haut, avec des avions ou des drones.
Mais pour ce qui est d’espionner, ce ne serait vraiment pas la méthode la plus efficace, insistent les experts en surveillance.
- Tout d’abord, il est visible à l’oeil nu — ce sont ces observations par de simples citoyens qui semblent avoir obligé les autorités militaires à rendre la chose publique jeudi. On ignore à quel moment il est apparu sur les radars : d’une part, un ballon est plus difficile qu’un avion à capter sur un radar. D’autre part, les autorités canadiennes n’ont publié un communiqué que jeudi, tout comme les autorités américaines qui affirment qu’elles « surveillaient » le ballon depuis « quelques jours ».
- Ensuite, il vole à une altitude variant entre 15 et 20 km. Il aurait la capacité de capter des communications radio à cette altitude et de prendre des photos, mais des satellites-espions le font tout aussi bien.
Un pays pourrait choisir les ballons comme alternative aux satellites parce qu’ils coûtent moins cher, mais rien n’indique que la Chine ait renoncé à ses capacités spatiales.
Ceci dit, ces ballons ont une plus grande capacité de naviguer que leurs prédécesseurs : l’intelligence artificielle permet aujourd’hui à un ordinateur à bord, alimenté par des panneaux solaires (visibles sur la photo) de choisir de changer d’altitude en fonction des vents, si on lui a assigné une destination précise.
Ça n’en fait pas pour autant un espion discret, mais même l’armée américaine a testé au-dessus du territoire américain, en 2019, de tels ballons, alimentés par des panneaux solaires et volant en haute altitude. En théorie, ils pourraient être équipés de radars pour suivre des mouvements de véhicules au sol — par exemple, le long de la frontière avec le Mexique.
À en croire les informations qui filtrent de sources non officielles depuis jeudi, ce ne serait même pas la première fois qu’un tel « ballon chinois » est détecté au-dessus des États-Unis. Les autorités, sous le président Trump, auraient simplement choisi de ne pas en parler.