Une vingtaine d’années après sa sortie, l’héritage de Resident Evil – le film, pas l’autre film, et pas la série télé – est difficile à définir. D’un côté, cette adaptation plus ou moins précise des deux premiers volets de la série de jeux vidéo comporte quelques bons moments et idées intéressantes. De l’autre, on nage aussi dans un océan de kitsch et d’utilisation un peu absurde des technologies d’animation par ordinateur.
Sorti en 2002, et réalisé et scénarisé par Paul W. S. Anderson, qui allait nous infliger tout une série de films Resident Evil tous plus invraisemblables et absurdes les uns que les autres, le premier titre de la saga, si l’on peut l’appeler ainsi, met en vedette Alice (Milla Jovovich), une jeune femme amnésique emmenée de force à l’intérieur de The Hive, un centre de recherche tout aussi souterrain que secret, où la Umbrella Corporation a conçu le virus T, capable, en gros, de transformer les gens en zombies.
En compagnie d’un commando envoyé par cette même compagnie, et chargé de déterminer ce qui s’est passé, après que l’intelligence artificielle gouvernant ce complexe eut cessé de répondre au monde extérieur (et tué tous les employés se trouvant à l’intérieur), Alice sera assez rapidement confrontée à l’horrible vérité, soit que l’entreprise développe en secret des armes bactériologiques et virales extrêmement dangereuses.
À la base, l’idée d’un film de zombies dans un complexe scientifique secret débordant de zones sombres et de corridors sinueux a du bon. Beaucoup de bon, même. Le problème est en fait double : d’abord, à l’exception de Mme Jovovich, qui se débrouille, et de Michelle Rodriguez, qui n’a jamais cessé de jouer des rôles de badass, tout le monde joue mal. On ignore s’il s’agit de mauvaises indications scéniques de la part du réalisateur / scénariste, ou si les acteurs sont simplement dénués de talent, mais tout le monde joue mal.
Ensuite, Resident Evil souffre fondamentalement d’un problème de ton. Certes, il s’agit d’une adaptation d’une série hyperconnue de jeux vidéos. Cependant, Anderson montre qu’il connaît et adhère à plusieurs codes du film de zombies, notamment avec certains plans, ainsi que du côté du rythme. Le gros problème, c’est que l’aspect jeu vidéo prend rapidement le dessus.
Ainsi, on nous présente régulièrement une carte en trois dimensions du laboratoire, histoire de nous indiquer où se trouvent nos protagonistes, ce qui est non seulement un peu ridicule, avec la technologie du début des années 2000, mais qui contribue aussi à nous sortir de l’action.
Par ailleurs, on s’explique bien mal les séquences où Milla Jovovich passe soudainement de l’état de femme amnésique représentant le public, à qui il faut expliquer des choses, à celui de super combattante capable de tuer des chiens mutants d’un coup de pied et de casser des cous de zombies avec ses cuisses.
Et cela, c’est sans parler de l’affrontement avec le monstre final, dans une orgie de mauvaises images de synthèse.
Bref, malgré quelques bons moments, Resident Evil est un monument au rythme inégal, au kitsch et aux coûts sans doute excessifs pour des images de synthèse de très piètre qualité. Seule la bande sonore échappe au couperet. Et soyons honnête : aucune des adaptations de ces jeux vidéo n’a, jusqu’à ce jour, mérité le qualificatif de « bon ». Qu’on se le tienne pour dit!