Les espèces d’oiseaux qui se reproduisent avec plusieurs partenaires sexuels subissent moins de mutations génétiques nuisibles, selon une étude menée par le Milner Centre for Evolution, de l’Université de Bath. Ces travaux, publiés dans Evolution, démontrent pour la première fois comment la polygamie augmente l’efficacité de la sélection naturelle au sein des populations sauvages.
La plupart des oiseaux s’unissent à un seul autre spécimen par saison, alors que chez certaines espèces, comme les cygnes et les oies, ce « couplage » dure toute la vie de l’animal.
À l’opposé, certaines espèces d’oiseaux sont polyamoureuses, et ont plusieurs partenaires par saison de reproduction; on ignore toutefois pourquoi elles ont développé cette façon de faire différente.
Une équipe de chercheurs ont analysé les génomes de 150 espèces d’oiseaux, répandues à travers toutes les grandes familles et dans divers endroits répartis sur la planète, y compris 6 espèces qui ont été séquencées pour la première fois.
En comptant les différences entre les gènes hérités du père et de la mère, les scientifiques ont pu estimer le niveau de diversité génétique à travers chaque espèce.
Les chercheurs se sont aussi intéressés à la fréquence des mutations génétiques dans chaque espèce, et si celles-ci modifiaient la séquence des protéines pour laquelle elles comportent des instructions, ou si elles étaient « silencieuses ». Les premières sont généralement nuisibles, alors que les mutations silencieuses sont habituellement sans danger.
Contrairement aux attentes, les chercheurs ont découvert que les espèces polyamoureuses, dans leur ensemble, n’étaient pas plus diversifiées que les espèces monogames, bien que le petit nombre d’espèces avec des femelles polyamoureuses disposait de davantage de diversité génétique.
Selon Kees Wanders, étudiant au doctorat de l’Université de Bath et principal auteur de l’étude, « les espèces évoluent en fonction de la sélection naturelle, où des mutations nuisibles disparaissent de la population, à long terme, parce que les individus qui sont affectés ne survivent pas suffisamment longtemps pour avoir l’opportunité de se reproduire, ou les individus avec des moyens d’adaptation bénéfiques survivent plus longtemps ».
« Cependant, les individus évoluent également à l’aide de la sélection sexuelle, où l’évolution est affectée par des individus qui se battent pour avoir un accès à des partenaires, pour que seules les caractéristiques les plus désirables soient ensuite transmises aux descendants. »
Comme chez les mouches à fruit
Toujours selon M. Wanders, « cette étude porte à croire que la sélection sexuelle correspond à la sélection naturelle chez les oiseaux, et que les mutations nuisibles sont retirées plus efficacement du bassin génétique au sein des populations polyamoureuses, où la sélection sexuelle est particulièrement forte ».
« Nous ne savons toujours pas pourquoi certaines espèces d’oiseaux sont polyamoureuses, alors que la plupart choisissent un partenaire pour une saison, ou même pour la vie. Il existe plusieurs théories visant à expliquer l’évolution du polyamour chez ces espèces, mais nous avons trouvé une preuve que cela accroît l’efficacité de la sélection naturelle en retirant les mutations nuisibles et en évitant les effets de l’inceste », a encore mentionné le chercheur.
« Cela a précédemment été observé en laboratoire, avec des mouches à fruit, mais il s’agit de la première fois où cela est constaté au sein de populations d’oiseaux sauvages. »
Un autre auteur de l’étude, le Dr Araxi Urrutia, indique « avoir l’hypothèse selon laquelle, chez les espèces polyamoureuses, lorsque les individus peinent à trouver un partenaire et doivent voyager plus loin pour ce faire, cela voudrait dire qu’il y aurait davantage de diversité génétique chez ces espèces ».
« Cependant, nous avons été surpris de voir qu’il n’y avait pas de preuve pour cela – nous avons plutôt constaté que ces individus comptaient moins de mutations nuisibles. »
« Malgré cet avantage apparent sur le plan de l’évolution, la plupart des oiseaux ont tendance à demeurer en groupe et à élever leurs enfants de cette façon, puisque cela offre de meilleures chances de survie à ces descendants. »