Avec Halloween Ends, disponible depuis peu en 4K, Blu-ray et DVD, le réalisateur David Gordon Green ne conclut pas seulement sa propre trilogie, il met également le clou final dans le cercueil de Michael Myers et de la célèbre franchise lancée en 1978 par John Carpenter.
Contrairement au second film de la trilogie, une suite se déroulant au cours de la même nuit que l’opus le précédant, Halloween Ends prend place quatre ans plus tard. Tentant de mettre derrière elle le traumatisme ayant affecté sa vie entière, Laurie Strode a quitté son bunker fortifié pour une maison « normale », et elle travaille à l’écriture d’un livre afin de partager son expérience. Elle habite maintenant avec Allyson, sa petite fille dont les deux parents ont été tués dans Halloween Kills. Cette dernière s’amourache de Corey Cunningham, un jeune homme responsable de l’homicide accidentel d’un garçon particulièrement indiscipliné qu’il gardait. Depuis ce tragique incident, les citoyens d’Haddonfield le regardent avec méfiance et paranoïa, et ne cessent de l’antagoniser. À quatre jours de l’Halloween, la peur monte d’un cran pour les habitants de la petite ville. Malgré son inexplicable absence des dernières années, Michael Myers refera-t-il surface pour commettre des meurtres durant la fête, comme c’est son habitude depuis des décennies?
Dernier opus de la trilogie de David Gordon Green, Halloween Ends présente une cassure par rapport aux deux premiers long-métrages. Le réalisateur s’éloigne en effet de l’hommage direct à l’œuvre de John Carpenter, et fait évoluer la franchise dans une direction originale et franchement intéressante. Muet et tuant quiconque se trouve sur son chemin, les motivations exactes de Michael Myers ont toujours été mystérieuses, et rien n’est plus dérangeant que la violence gratuite et apparemment sans raison précise, mais tout en éliminant une fois pour toutes le célèbre croquemitaine d’Haddonfield, ce chapitre final s’attarde au côté sombre sommeillant en chacun de nous, aux circonstances poussant certaines personnes à s’y abandonner, et ultimement, à la façon dont les monstres naissent. Au final, le scénario démontre qu’il est impossible de vaincre le mal, et qu’il continuera toujours de s’incarner chez d’autres personnes, que ce soit sous la pression sociale, l’injustice, ou les troubles mentaux.
Tandis que les deux premiers films de la trilogie dégoulinaient d’hémoglobine et d’écrapou, Halloween Ends utilise la violence de manière quasi chirurgicale, et le nombre de morts violentes à l’écran est cinq fois moins important que dans le volet précédent, qui était un véritable bain de sang. Cette façon de procéder rend chaque scène de meurtre beaucoup plus percutante. Ça ne serait évidemment pas un Halloween sans la présence de Jamie Lee Curtis, et si l’actrice reprend son rôle de Laurie Strode, son personnage est beaucoup moins central. C’est la même chose du côté de Will Patton, de retour dans la peau du shérif Frank Hawkins, qui n’est présent que dans une poignée de scènes. Le long-métrage met l’emphase sur les jeunes protagonistes, notamment Andi Matichak (Allyson), et surtout Rohan Campbell, dont la performance magistrale dans le rôle de Corey est assurément le clou du spectacle, alors qu’on assiste à la transformation progressive du jeune homme en héritier de Michael Myers.
Le coffret haute définition d’Halloween Ends contient le long-métrage sur disques Blu-ray et DVD, et s’accompagne d’une bonne dose de matériel supplémentaire. En plus de six scènes retirées du montage ou présentées en version étendue, d’un montage des décrochages les plus drôles survenus sur le plateau de tournage et d’une piste de commentaires (livrée par le co-auteur et réalisateur David Gordon Green, les acteurs Andi Matichak et Rohan Campbell, le coproducteur et premier assistant à la réalisation Attila Salih Yücer et l’assistant à la production Hugo Garza), on trouve également six revuettes. Jamie Lee Curtis parle de l’évolution de Laurie Strode dans la première, et de ses adieux au personnage qu’elle incarne depuis 1978. Une autre est consacrée à la transformation de Corey Cunningham. Une troisième aborde les défis de conclure la trilogie, les liens serrés qui se sont tissés entre les membres de l’équipe après trois films ensemble, et les coulisses de la bataille finale. La méthode de travail de David Gordon Green ou les costumes et les maquillages sont également mis en évidence dans d’autres documents.
Bien qu’il ait manifesté des pouvoirs surnaturels dans le passé et qu’il ait toujours ressuscité, comme par magie, pour commettre de nouveaux massacres, le règne de terreur de Michael Myers se termine une fois pour toutes avec Halloween Ends. Espérons que cette conclusion satisfaisante ne soit pas gâchée par une autre suite, ou un reboot, dans quelques années.
7/10
Halloween Ends
Réalisation : David Gordon Green
Scénario : Paul Brad Logan, Chris Bernier, Danny McBride et David Gordon Green (d’après les personnages créés par John Carpenter et Debra Hill)
Avec: Jamie Lee Curtis, Andi Matichak, James Jude Courtney, Rohan Campbell, Will Patton, Jesse C. Boyd, Michael Barbieri et Destiny Mone
Durée: 110 minutes
Format : Combo Pack (Blu-ray et DVD)
Langue : Anglais, français et espagnol