Disponible depuis la semaine dernière en 4K, Blu-ray et DVD, Black Adam tente de se démarquer des autres films de superhéros en se situant dans une zone morale plus grise que la moyenne des productions du genre, mais le long-métrage sera surtout apprécié par ceux et celles qui sont familiers avec ce personnage, peu connu du grand public.
En 2600 avant Jésus-Christ dans le royaume moyen-oriental de Kahndaq, le roi Ahk-Ton maintient son peuple en esclavage et force ses sujets à travailler dans les mines d’éthérium afin d’amasser assez de ce métal rare pour fabriquer la couronne de Sabbac, un objet qui, infusé de l’esprit de six démons, est censé le rendre invincible. Le conseil des gardiens, un groupe secret de magiciens veillant sur le monde, accorde alors les pouvoirs de six divinités égyptiennes à un simple esclave, et ce dernier parvient à stopper les plans du tyran maléfique en le tuant.
Près de 5 000 ans plus tard, en tentant de mettre la main sur la couronne maléfique, Adrianna Tomaz, une archéologue, éveille l’ancien esclave de son sommeil millénaire par mégarde, en lisant à voix haute l’inscription sur sa tombe. La femme exhorte l’entité, nommée Teth Adam, à reprendre ses fonctions de protecteur de la nation de Kahndaq, qui se trouve maintenant sous l’emprise de la firme de mercenaires Intergang, le plus récent d’une longue liste d’envahisseurs, mais le demi-dieu n’est peut-être pas le noble héros qu’elle imagine.
En mettant en vedette un personnage longtemps considéré comme un vilain (et la Némésis de Shazam, avec qui il partage les mêmes pouvoirs divins et le même mot magique pour les activer), Black Adam cherche à se placer dans une zone morale plus nuancée que tous les autres films de superhéros. Toutefois, si Teth Adam ne possède pas le code d’honneur habituel et qu’il n’a aucun scrupule à prendre la vie d’autrui pour livrer sa version bien personnelle de la justice, le scénario finit quand même par s’axer, encore une fois, autour d’une lutte manichéenne entre les bons et les méchants.
Pour les lecteurs de longue date des comics de DC, le plus grand plaisir de Black Adam est d’inclure la Justice Society of America, même s’il s’agit d’une version réduite ne comptant que quatre membres (Hawkman, Dr. Fate, Atom Smasher et Cyclone) et que le plus vieux groupe de superhéros de l’Histoire aurait mérité son propre film. Le fait que l’intrigue prenne place dans un pays fictif du Moyen-Orient apporte aussi une touche différente, alors que les citoyens de Kahndaq perçoivent l’antihéros comme leur champion et les membres de la JSA comme des représentants de l’impérialisme culturel américain.
Le principal attrait de Black Adam se situe du côté de ses visuels et de ses scènes de combat absolument spectaculaires. Avec ses ailes métalliques dorées, Hawkman est majestueux; les nombreuses habiletés magiques de Dr. Fate fournissent un bon prétexte aux effets spéciaux; Atom Smasher peut devenir aussi grand qu’un édifice, et Cyclone crée des tornades iridescentes. Des éclairs électriques émanent des mains de Black Adam, et certaines séquences sont présentées au ralenti pour illustrer l’extrême vitesse dont il est doté. Les poursuites dans les rues étroites de Kahndaq avec les motos volantes d’Intergang, capables de se dématérialiser pour éviter les obstacles, sont époustouflantes.
Dans le rôle-titre, Dwayne Johnson livre un jeu très économe, et avec son air stoïque et renfrogné tout au long du film, sa performance s’avère plutôt monolithique. Pierce Brosnan, très distingué dans la peau d’un vieux Dr. Fate, offre sans doute la meilleure performance de Black Adam, suivi par Aldis Hodge, dont le personnage d’Hawkman constitue l’un des points forts du long-métrage. Incarnant deux jeunes recrues dont c’est la première mission, Noah Centineo (Atom Smasher) et Quintessa Swindell (Cyclone) partagent une belle complicité, mais assez peu de temps d’écran au final.
En plus du long-métrage sur disques 4K et Blu-ray ainsi qu’un code permettant de télécharger une copie numérique, l’édition ultra-haute définition de Black Adam comprend également près d’une heure de matériel supplémentaire. Les dix revuettes s’attardent à l’histoire et à l’évolution de Black Adam et de la Justice Society of America depuis leur création dans les années 1940, abordent le long développement du projet, amorcé il y a une vingtaine d’années, et explorent les costumes, les scènes de combat, la création de la cité antique de Kahndaq, ainsi que les innovations technologiques utilisées pour créer les effets spéciaux du film.
Loin d’être le meilleur film de superhéros, Black Adam devrait cependant divertir les lecteurs assidus des comics de DC qui connaissent déjà le personnage de Teth Adam, et qui seront ravis de voir les membres de la Justice Society of America au grand écran pour la première fois.
7/10
Black Adam
Réalisation: Jaume Collet-Serra
Scénario: Adam Sztykiel, Rory Haines et Sohrab Norshivani
Avec: Dwayne Johnson, Aldis Hodge, Pierce Brosnan, Noah Centineo, Sarah Shahi, Quintessa Swindell, Marwan Kenzari et Bodhi Sabongui
Durée: 124 minutes
Format: UHD (4K, Blu-ray et copie numérique)
Langue: Anglais, français, allemand, espagnol, italien et portugais