En développement depuis quelques années par Olivier Leclair, La vallée qui murmure offre une incursion dans un monde peu connu dans l’univers vidéoludique : celui de la campagne traditionnelle québécoise, à l’époque de la chape de plomb de la religion. Ajoutez à cela une sombre et sinistre histoire, et vous avez un possible bijou entre les mains.
Dans un petit village, donc, le prêtre reçoit une lettre de l’homme de Dieu de la commune voisine, l’indiquant que tout est fini, et qu’il en remet son âme au Seigneur. Voilà donc notre protagoniste lancé sur la piste d’un étrange mystère, dans un endroit franchement sinistre et inquiétant : le village de Sainte-Monique-des-Monts est largement abandonné et les rares habitants qui restent sont soit déprimés, soit dépressifs.
Entre énigmes et séquences de plus en plus horrifiantes, le joueur lève progressivement le voile sur un village gangrené par la honte, la culpabilité, et dont les habitants sont aussi pourchassés par… quelque chose.
Il n’y a pas à dire, Olivier Leclair a réussi à créer un monde dont l’ambiance est quasiment sans faille. Le bruit du vent dans les arbres, la musique à la fois discrète et entêtante, le grincement des maisons en bois… Ajoutez à cela la noirceur de la nuit, ou encore le brouillard d’un matin pluvieux incertain, et l’enquête prend soudainement une dimension quasiment mystique.
Parlant des puzzles, on réussira, sans trop se casser la tête, à progresser pendant une bonne heure, voire deux, jusqu’à ce que l’on frappe un mur, en quelque sorte, avec un certain piano. Ironiquement, ce journaliste pensait avoir trouvé la solution, en fouillant dans les nombreuses notes et lettres ramassées ici et là, mais il s’avère, après être entré directement en contact avec le développeur sur Twitter, que ladite solution était tout autre… Et que l’énigme a été résolue un peu par hasard?
Et il faut malheureusement avouer que c’est un peu à partir de ce moment que les choses deviennent moins intéressantes. Non pas parce que ce fameux casse-tête du piano est trop compliqué – avec du recul, la solution était facilement accessible, si l’on sait où regarder –, mais le fait est que plusieurs énigmes, sur lesquelles on pourra plancher pendant de nombreuses minutes, ne donneront accès qu’à des objets relativement ordinaires permettant de faire progresser l’enquête, mais pas trop.
Ainsi, une cave mystérieuse, liée au fameux casse-tête du piano, ne recèle rien de transgressif. Idem pour une grange un peu sinistre située derrière le magasin général.
Le coup de grâce est toutefois arrivé lorsqu’est venu le temps de récupérer une clé se trouvant dans un nid de corbeau; pour dégager ledit volatile, on apprend qu’il faut faire bouillir un oignon et utiliser l’eau « parfumée » en question pour en asperger l’oiseau.
Cela implique donc de trouver un oignon, un endroit où faire du feu (ainsi que du papier d’allumage ET du bois), puis sans doute un récipient pour l’ébullition. Sans compter le pulvérisateur. Tout cela pour une clé qui serait sans doute récupérable en faisant peur au corbeau pendant quelques instants. Et l’ensemble de la chose, évidemment, implique de visiter plusieurs domiciles, sur une certaine distance, avec des temps de chargement relativement fréquents.
Il faut aussi noter que « l’énigme de l’oignon » survient après une vague de suicides, une sombre histoire de harcèlement, de vol de courrier, de tentative d’avortement, de mort d’un nourrisson… Disons que la chose vient franchement casser l’ambiance.
Ultimement, le problème de La vallée qui murmure n’en est pas un d’ambiance, de décor, de narration (les voix en français québécois d’antan sont franchement excellentes), ni même de complexité des casse-tête. C’est plutôt un problème de rythme.
Peut-être que des gens plus passionnés sauront passer outre cet aspect plus « raboteux ». Mais ce journaliste, lui, s’est engagé sur un autre chemin.
La vallée qui murmure
Développeur et éditeur : Studio Chien d’Or (Olivier Leclair)
Plateforme : Windows (Steam)
Jeu disponible en français