L’affaire est peut-être tombée dans un certain oubli médiatique, avec tout l’espace occupé par la pandémie, mais il aura notamment fallu les démarches de deux journalistes du New York Times – et le courage de dizaines de femmes victimes de harcèlement, d’agressions et de viol – pour qu’Harvey Weinstein, autrefois poids lourd d’Hollywood, soit enfin reconnu coupable et s’en aille croupir dans une cellule.
Dans un long-métrage « inspiré de faits réels », la réalisatrice Maria Schrader propose She Said, un récit sans doute largement biographique de l’enquête conjointe du Times pour révéler les gestes impardonnables commis par Weinstein, ce qui facilitera, par la suite, la prise de parole et les dénonciations des agresseurs de tout acabit, dans toutes les industries.
La cinéaste s’est tournée vers le livre du même nom, écrit par les journalistes Jodi Kantor et Megan Twohey, et a transposé le tout au grand écran, en faisant appel aux actrices Carey Mulligan et Zoe Kazan. Et sans surprise, le long-métrage suit le cours de l’enquête journalistique, avec les nombreux revers, les fausses pistes, les menaces (voilées ou non), les réunions avec les patrons…
S’il est indéniable que She Said présente les faits, souvent avec les véritables personnes impliquées, notamment Ashley Judd, qui ont permis de déboulonner Weinstein et de provoquer un séisme, force est d’admettre que le film est… ordinaire? Peut-être est-ce parce qu’il concerne une période de l’histoire qui est très récente. Peut-être est-ce parce qu’il est tourné de manière excessivement classique. Peut-être est-ce, aussi, parce que personne n’a jamais vraiment réussi, sauf peut-être dans Spotlight, sorti en 2015, à reproduire l’excitation et la tension d’All the President’s Men? Et ce n’est pas faute d’avoir essayé…
Et donc, voilà, on peut tout à fait saluer la détermination des deux journalistes, ainsi que le courage de toutes celles qui ont cherché à rapporter les attaques, les agressions et les comportements inacceptables d’Harvey Weinstein. Mais She Said ne s’installera pas dans les anales du cinéma, même si les faits qui y sont rapportés ont, eux, leur place dans l’histoire.