Il y a de ces idées qui semblent bien, sur papier, mais ce n’est clairement pas parce que ladite idée a du bon que la transposition vers la réalité se déroulera sans heurts. Path of Titans, un jeu de survie massivement multijoueurs en ligne est l’une de ces idées (très) mal réalisées.
Sur papier, donc, Path of Titans a tout pour plaire : déjà, les joueurs ont comme mandat de se glisser dans la peau écailleuse (et probablement recouverte de plumes) d’un dinosaure. Rien de moins! Au diable les naufragés égarés sur une île déserte, les gueux moyenâgeux ou encore les survivalistes en pleine apocalypse de zombies, et place aux plus grands reptiles que la Terre ait porté!
En ce sens, Alderon Games maîtrise bien l’art de faire saliver les passionnés de Jurassic Park : qui n’a pas envie de combattre d’autres espèces, d’asséner de violents coups de queue recouverte de piquants, ou encore de lâcher le grand cri du Tyrannosaure après avoir dévoré son adversaire?
Sauf que… eh bien, sauf que le jeu, dans sa version actuelle, encore présenté comme étant en développement actif, démontre qu’au-delà de ce fantasme reptilien, pour qu’un jeu de ce genre fonctionne, il faut offrir un sentiment de progression logique.
Après tout, ici, impossible de se bâtir une maison, de cultiver des champs, ou encore de construire un vaisseau spatial. Bien entendu, les développeurs auraient pu réserver une sacrée surprise et mettre en vedette des dinosaures aux dents pointues, oui, mais aussi avec des pouces opposables, ou quelque chose de ce genre. On pourrait aussi, à l’instar de Spore, peut-être, offrir des avantages lorsque l’on triomphe d’un adversaire.
Et c’est, en fait, en partie, ce qui est proposé : après avoir obtenu un certain nombre de points d’expérience, notre dinosaure grandit, jusqu’à parvenir à l’âge adulte. Et cette progression s’accompagne aussi de l’ajout d’habiletés supplémentaires. Après la morsure, l’attaque de base, on pourra donner un coup de queue, etc.
Le problème fondamental de Path of Titans est double : d’abord, les quêtes à accomplir pour accumuler ces fameux points d’expérience sont d’une stupidité sans nom. Récoltez des glands! Récoltez des plantes aquatiques! Encore une fois, on peut comprendre que « construire une maison » ne soit pas envisageable, mais bon sang, ce qu’on s’ennuie!
La palme des pires quêtes va sans doute à « récoltez des branches ». Dans une forêt. Mais attention, pas toutes les branches! Seulement des branches se trouvant entassées de façon spécifique, dans un endroit qui l’est tout autant.
Si vous aimez tourner en rond dans une vaste forêt, histoire de trouver ces fameuses branches, ou encore les 50 fleurs exigées avant de passer à quelque chose ressemblant un peu moins à une lobotomie, Path of Titans est le jeu idéal. Et il ne faudra pas non plus oublier qu’il s’agit d’un jeu de survie. Et donc, qu’il sera nécessaire de boire à intervalles réguliers. Heureusement, la chose est assez aisée, mais pour ce qui est de manger – et manger de la viande, pas des plantes – cela pourrait s’avérer plus difficile.
Pourquoi? Parce qu’à l’exception de quelques papillons, le monde de Path of Titans est vide. Pas d’animaux, pas de petits dinosaures contrôlés par une intelligence artificielle de base. Il y avait bien une partie multijoueurs avec d’autres humains, lorsque ce journaliste a effectué une série de tests, mais s’il n’y avait pas l’outil de clavardage intégré, il n’y aurait eu aucune preuve que des gens jouent bel et bien à Path of Titans.
Et sans animaux, d’ailleurs, notre dinosaure n’a rien à se mettre sous la dent. Bref, on se retrouve à tourner en rond, dans une forêt déserte, jusqu’à ce qu’on se rappelle qu’il est tout à fait possible de faire quelque chose de plus productif de sa journée et de sa vie.
Peut-être que Path of Titans deviendra un jeu incontournable, avec un grand nombre de quêtes différentes et enlevantes. Peut-être que le titre sera abandonné parce que personne ne voudra y jouer. Ce qui est certain, c’est que pour l’instant, le jeu ne vaut certainement pas les 30 $ réclamés.
Path of Titans
Développeur et éditeur : Alderon Games
Plateforme : Windows, iOS, MacOS, Linux, PlayStation 4 et 5, Xbox, Nintendo Switch (testé sur Windows)