Après les messages racistes et antisémites, ce sont à présent les messages niant la réalité des changements climatiques qui se multiplient sur Twitter depuis son changement de propriétaire.
Le nombre de messages parlant d’une « arnaque climatique » (en anglais, climate scam) aurait augmenté du tiers depuis cet été — l’annonce d’un achat de la plateforme par Elon Musk a eu lieu en avril, l’acquisition a eu officiellement lieu en octobre. Une analyse menée par des chercheurs de l’Université de Londres à la demande du quotidien The Times, évalue le nombre de ces messages à 850 000 en 2022 — à la fin novembre — contre 650 000 pour toute l’année 2021 et 220 000 pour 2020.
Ce n’est pas une « croissance » qui dépend uniquement du milliardaire. Des recherches parues ces dernières années avaient noté une augmentation de la polarisation sur les réseaux, et une recherche parue justement le mois dernier note que la thématique du climat n’y fait pas exception. L’augmentation de la « polarisation idéologique » avait été particulièrement forte pendant les semaines entourant la conférence des Nations unies sur le climat de l’an dernier (COP26, en novembre 2021).
Mais il est certain que les décisions du nouveau propriétaire de mettre à pied ses équipes de modérateurs ont pu attirer une nouvelle faune sur Twitter, qui y voit un bar ouvert. L’expression « arnaque climatique » se retrouvait dans 40% des tweets de 2022 contenant un langage associé aux climatosceptiques, contre 2% en 2021, selon les chercheurs londoniens.
Qui plus est, le mot-clic #climatescam a doublé en nombre entre octobre et novembre de cette année, vraisemblablement en lien avec la rencontre des Nations unies (COP27).
De la même façon qu’il existait des « super-propagateurs » de fausses informations sur la COVID, il existerait 10 « super-propagateurs » de désinformation sur le climat, représentant à eux seuls le quart des contenus climatosceptiques récents, selon une autre analyse réalisée pour le Times. La décision récente du propriétaire de Twitter de réintégrer des comptes qui avaient précédemment été bannis de la plateforme pour cause de désinformation ou de propos haineux, a déjà permis le retour de certains de ceux qui s’opposent aux faits scientifiques.
L’évolution est d’autant plus observée avec inquiétude par les climatologues que ceux-ci étaient nombreux à avoir utilisé Twitter ces dernières années pour pratiquer des échanges d’informations entre eux, ou de la vulgarisation — à l’instar des experts en épidémie pendant la COVID. « Je peux comprendre les climatologues de dire que ce n’est pas un endroit très productif pour des conversations en ce moment », commente dans le quotidien britannique The Guardian la directrice d’un organisme voué à l’analyse de la montée des extrémismes et de la désinformation (Institute for Strategic Dialogue). Ces experts, poursuit-elle, « sont devenus des paratonnerres pour les discours haineux et les menaces de mort, et nous observons une escalade des menaces contre eux, destinées à les expulser de la plateforme. »